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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 08:26
Isaad Rebrab

Isaad Rebrab

Sauf retournement spectaculaire, le juge chargé de l’affaire El Khabar rendra une décision allant dans le sens des demandes du ministre Hamid Grine. On oublie qu’Issad Rebrab a acquis, par cette transaction, un quotidien, des imprimeries et… une chaîne de télévision !

Une chaîne de télévision ! KBC a été lancée laborieusement à la faveur des quelques autorisations d’émettre accordées entre 2011 et 2012, à des affidés sous contrôle, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas susceptibles de vous porter la contradiction ou de brouiller votre message et qui pourraient même servir d’auxiliaires de propagande. KBC était l’une des rares exceptions : elle n’était pas franchement labellisée proche du pouvoir. Mais ce dernier ne courait pas grand risque : tant que la chaîne KBC était entre les mains d’un groupe de journalistes à la fortune relative, en proie à des difficulté financières, qui a trop présumé de ses forces et qui réalisait chaque jour qu’il ne disposait pas des fonds nécessaires pour subvenir à sa dimension tentaculaire, elle ne dérangeait pas outre-mesure. La chaîne KBC demeurait dans la "zone de contrôle". Elle dépendait du bon vouloir des gouvernants. Il suffisait d’appuyer sur la plaie, d’aggraver la précarité du "groupe", en réduisant la publicité par exemple ou en actionnant le fisc, pour que la télévision cesse d’émettre.

KBC restait dans les limites qui lui sont fixées, celles d’un média sans nuisance, toujours à la limite du déficit, émettant quand il le pouvait et, conscient de sa vulnérabilité, prenant garde à ne pas fâcher le pouvoir. La chaîne El-Watan l’a appris à ses dépens, en faisant parler Madani Mezrag.

Avec Issad Rebrab, les données changeaient brutalement ! L’homme peut se passer de la publicité étatique. Il ne dépendait pas de l’humeur du roi. Il a les moyens de transformer KBC en une véritable chaîne de télévision concurrentielle. Il peut investir des milliards de dinars pour se doter d’une chaîne équivalente ou supérieure à l’ENTV. Il sortirait du "champ sous contrôle". Il disposerait, lui qui n’est même pas de la Famille, de la possibilité quasi-divine de contrarier le monarque et la Cour ! Sous son nez !

L’opposition, interdite de télé, disposerait alors d’un puissant porte-voix qui bouleverserait la donne politique. C’était une déclaration de guerre intolérable ! Avant Rebrab, Khalifa avait lourdement payé l’insolence de vouloir disputer le monopole absolu de la petite lucarne à Bouteflika : démantèlement de son groupe (banques, compagnies aériennes, diverses entreprises…) traque judiciaire, emprisonnement des proches de Moumen et de certaines personnalités mêlées peu ou prou à Khalifa (à l’exception des proches du président), exil de Moumen puis emprisonnement de ce dernier…

C’est ce scénario qui pourrait se renouveler, inauguré par l’action en justice ordonnée par le ministre Grine, lui-même actionné par Said Bouteflika qui, lui, ne fait que suivre une vieille consigne de son frère aîné lequel obéit à une règle stricte de tout autocrate : la télévision, c’est comme le fusil, ça ne se partage pas. Du reste, la comparaison avec le fusil n’est pas fortuite : pour Bouteflika, la télévision n’est pas un média, pas même un engin de divertissement ou, accessoirement de culture et d’information. Pour le clan Bouteflika, la télévision est une arme de guerre. Un des principaux instruments d’exercice du pouvoir. Il en dispose pour influencer, pour émouvoir, pour endoctriner, pour divertir des vrais échecs…

Le pouvoir de Bouteflika ne reconnait à personne la prérogative de lui disputer le monopole de l’endoctrinement du peuple. Le discours adressé aux Algériens ne doit être porté que par une seule voix : celle du pouvoir ! Le mensonge n’admet aucune lueur de vérité.

Recevant une journaliste de France Culture, en septembre 2000, le président déclarait, solennel : "Il n’y aura qu’une seule chaîne de télévision. Et il n’y aura pas d’autres chaînes de radio. Je veux contrôler ma machine !". La journaliste commet la maladresse d’insister : «Est-ce que vous ne pensez pas urgent qu’il y ait un débat dans l’audiovisuel algérien pour que se renoue ce débat démocratique algérien ?» demande-t-elle candidement. À cette question, le président voit rouge : "Ecoutez, le problème de la stratégie en Algérie c’est mon problème, ce n’est pas le vôtre. Je sais exactement ce que je dois faire et quand je dois le faire. Vous êtes en train de me dicter une démarche. Ce n’est pas à vous, journalistes français, de me dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je ferai les choses à l’algérienne et en fonction des intérêts supérieurs de l’Algérie."

Khalida Messaoudi, alors ministre de la Communication, retint la leçon. "Le contrôle de l’ENTV n’est pas des prérogatives juridiques du ministère", avoue-t-elle à l’Assemblée nationale.

Tout est alors dit. On ne badine pas avec la "machine" ! L’affaire Rebrab ne fait que commencer. L’homme d’affaires est à portée… de fusil.

Mohamed Benchicou

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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 08:24
Abdelhamid Aberkane.

Abdelhamid Aberkane.

Nous avions siégé ensemble au bureau d'ouverture du 5è congrès de l'UGEMA à Ben Aknoun en août 1963. C'était au titre de plus jeunes délégués. Lui de Constantine moi d'Alger. Nous entourions le doyen du congrès qui lui venait de ...San Franscisco. Depuis, j'ai suivi de loin en loin la carrière de Abdelhamid Aberkane, dans la santé publique, carrière de toute évidence marquée par la droiture et le dévouement. La mesquinerie administrative à son égard est répugnante.

Maire d'El Khroub, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, ancien ministre de la Santé et un des signataires de "la lettre des 19", le Pr Abdelhamid Aberkane a adressé un courrier au Soir d'Algérie où il expliquait les conditions particulièrement "punitives" de l'évacuation de ses archives du service de réanimation. On y découvre qu'un administrateur "zélé" ou "instruit" a choisi de recourir à un huissier de justice pour le faire déménager plus rapidement d'un service qu'il a créé il y a de cela 45 ans et dont il a quitté la chefferie volontairement il y a trois ans.

"La lecture de l'information me concernant dans Le Soir d’Algérie du 11 mai pourrait laisser penser que le gestionnaire qui m'a assigné par huissier de justice, à mon domicile, aux fins de libérer le bureau du service du CHU où j'exerçais depuis 1968, s’était vu opposer un refus. Certainement pas.

J'ai informé, il y a quatre semaines, que le déménagement des archives contenues dans ce bureau du service de réanimation que j’ai créé il y a 45 ans, et qui concernent des décennies au service de la santé publique et de la formation médicale (au niveau local comme professeur, doyen et recteur, au niveau national comme ministre de l'Enseignement supérieur puis de la Santé, au niveau international comme président de l'Organisation mondiale de la santé) était en cours.

Les derniers jours de cette évacuation ont été choisis pour faire de ce départ une punition, complaisamment étalée et divulguée, alors que j'ai, depuis trois ans, quitté de mon plein gré mes fonctions de chef de service en acceptant une charge de professeur associé que m'a confiée le Conseil scientifique de la Faculté de médecine, eu égard à un long parcours au service des malades, des étudiants, de leurs formateurs, et de mon pays.

Ainsi, alors que le centre hospitalier n'est universitaire que par le cachet que lui donne la Faculté de médecine, un gestionnaire hospitalier peut décider de ne pas appliquer une décision de la faculté ou de ne pas bénéficier lui-même, par suffisance, de la présence et de l’accompagnement d’un ancien, de surcroît ancien ministre de son secteur.

Qu’il l’ait fait seul ou qu’il ait été instruit de le faire par la meute de l'ingratitude, de l'allégeance et du silence honteux, c’est là un indicateur du niveau de servilité des différents acteurs.

En ce qui me concerne, j’ai mis mon expérience au service de citoyens qui m’ont, proprement, élu et me témoignent tous les jours du respect et de la reconnaissance. Et cela me suffit.

Pr A. Aberkane

Publié par HuffPost-Algérie, 16 mai 2016

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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 14:44

Ces attaques interviennent quatre jours après la capture de Salah Abdeslam, l’un des auteurs présumés des attentats de Paris qui avaient fait 130 morts le 13 novembre 2015.

Evoquant très vite une possible piste «terroriste», le parquet fédéral belge a parlé de trois explosions qui ont touché, pour deux d’entre elles, l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et, pour la troisième, la station de métro de Maelbeek, dans le quartier des institutions européennes.

Les soupçons du parquet fédéral belge se sont avérés fondés, puisque quelques heures après le drame, l’organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI) a revendiqué ces attentats.

«Des combattants de l’Etat islamique ont perpétré une série d’attentats, avec des ceintures d’explosifs et des bombes, mardi (hier ndlr), visant un aéroport et une station de métro du centre de la capitale belge Bruxelles», a écrit l’organisation terroriste dans un communiqué répercuté par l’agence Aamaq qui lui est affiliée.

Métro éventré et sièges déchiquetés

Les premières explosions ont été entendues à l’aéroport international de Bruxelles, vers 7h GMT. Le procureur de Bruxelles, Frédéric Van Leeuw, estime que l’une des deux premières explosions a été «probablement provoquée par un kamikaze». Selon les pompiers, les deux premières explosions ont fait 14 morts et 96 blessés.

D’après le gouverneur de la province du Brabant Flamand, Lodewijk De Witte, «trois bombes avaient été introduites» dans l’aéroport, mais l’une d’elles «n’a pas explosé». Une demi-heure plus tard, une autre explosion, très forte, a été entendue à la station de métro Maelbeek. Elle a provoqué «probablement une vingtaine de décès» et 106 blessés, selon le maire de Bruxelles, Yvan Mayeur.

Une photo diffusée par la chaîne publique RTBF montrait une rame de métro éventrée, des sièges déchiquetés, et des parois calcinées, à la station frappée en pleine heure de pointe.

Le porte-parole des pompiers bruxellois a indiqué que «la déflagration a été telle qu’elle a provoqué l’écroulement de trois murs d’un parking souterrain attenant à la station de métro». «Il y a beaucoup de nationalités» parmi les blessés», a déclaré le maire de la ville, ajoutant que l’identification des victimes allait «prendre du temps» en raison de la situation «chaotique».

Panique et scènes de chaos

Devant la panique qui s’en est suivie, le centre de crise du ministère de l’Intérieur belge a demandé vers 10h30 à la population bruxelloise de cesser de circuler. En outre, tous les transports publics ont été fermés. De son côté, la Commission européenne a appelé ses employés à rester chez eux ou dans leurs bureaux. La crainte de nouveaux attentats a amené de nombreux pays européens à renforcer leur sécurité.

Des mesures de vigilance ont été, par exemple, relevées aux aéroports de Paris, Londres (Gatwick), Francfort, Moscou ainsi que dans les aéroports néerlandais et à la frontière sud des Pays-Bas.

Londres a «déconseillé», par ailleurs, à ses ressortissants de se rendre à Bruxelles «sauf raison impérative», a annoncé Downing Street hier. Une première en Europe. Les 28 pays de l’UE et les dirigeants des institutions européennes, dans un rare communiqué commun, ont dénoncé cette attaque contre, disent-ils, «notre société ouverte et démocratique».

Le Premier ministre belge, Charles Michel, a indiqué pour sa part que son pays «redoutait un attentat et c’est arrivé» qualifiant ces attentats d’«aveugles, violents et lâches». Il a en outre évoqué «un moment noir pour ce pays». Le gouvernement belge a décrété un deuil national de trois jours.

Sur le terrain, l’enquête diligentée par les services de sécurité belges semble avancer à grands pas. La police belge a retrouvé une ceinture d’explosifs intacte et un fusil d’assaut kalachnikov près du corps d’un assaillant à l’aéroport. Une image des «suspects» des attentats de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, captée par une caméra de vidéosurveillance, a par ailleurs été diffusée par les autorités belges.

Celle-ci montre trois hommes poussant des chariots à bagages. Deux ont fait sauter leurs charges explosives, créant le chaos dans l’aéroport Zaventem. Le troisième suspect aurait réussi à s’enfuir.

Une opération de recherche de grande ampleur était d’ailleurs en cours hier soir dans un quartier schaerbeekois. Plusieurs véhicules de police, des voitures béliers, des ambulances et des pompiers y étaient déployés. L’homme avec un chapeau et un manteau blanc capté par la vidéo diffusée par la police aurait trouvé refuge dans le quartier.

Comment décrypter maintenant ces attentats en série ? Hasni Abidi, spécialiste du Monde arabe et directeur du Centre d’études et de recherche sur le Monde arabe et méditerranéen (Cermam 1) à Genève, a estimé dans un message publié sur son mur facebook que «les attentats de ‎Bruxelles répondent à une arrestation d’un terroriste et portent un message : l’EI est désormais une réalité européenne».

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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 14:34
Les dessous de la récupération du serviteur Chakib Khelil par le clan Bouteflika

Chakib Khelil n’est un mystère que pour les esprits chastes qui répugnent à voir dans le régime qui nous dirige une pègre comparable à la Cosa Nostra.

À trop vouloir trouver une cohérence politique à une décision mafieuse, on s’égare dans des conjectures bizarres, parfois grotesques, souvent contradictoires et on s’éloigne des vraies motivations du gang au pouvoir : il fallait arracher l’ancien ministre de l’Énergie du sol américain avant qu’il ne soit réclamé par la justice italienne.

Une procédure d’extradition lui pendait au nez. Les autorités américaines l’auraient livré sans aucun doute, ce qui, pour les membres honorables de la pègre dirigeante en Algérie, était le pire des scénarios. Chakib Khelil ne doit, en effet, pas parler. S’il venait à y être contraint, il livrerait des secrets lourds et fortement compromettants, qui feraient remonter l’investigation jusqu’au plus haut sommet de l’État algérien. Car Chakib Khelil n’a pas agi pour son seul profit. Il était le préposé à la rapine pour le compte d’une vaste nébuleuse politico-mafieuse qui le protégeait et qui, durant 12 ans, avait couvert ses larcins.

En 2013, l’intérêt de la Cosa Nostra algérienne était d’exfiltrer d’Algérie l’ancien ministre et sa famille, le temps de laisser passer l’émotion provoquée par la révélation des actes de pillage dans Sonatrach et de faire le ménage au sein des structures institutionnelles algériennes, c’est-à-dire d’éliminer les forces hostiles et de les remplacer par des forces amies. C’était le temps où il fallait s’efforcer à "pleurer avec le berger", le temps de la comédie hypocrite, celui où Bouteflika se lamentait publiquement d’avoir été "abusé par son ami Chakib"…Le quatrième mandat n’était pas encore assuré.

En 2016, l’intérêt de la Cosa Nostra algérienne avait changé : il était de réintroduire Chakib Khelil en Algérie, pour le soustraire à un mandat d’arrêt de la justice italienne. Les Américains l’auraient livré. Alors, vite un billet pour Oran ! L’Algérie n’extrade pas ses ressortissants. Encore moins ceux qui font partie de la bande.

La récupération de Chakib Khelil devait se réaliser par étapes, en prenant le temps nécessaire à la "sensibilisation" de l’opinion. Rien ne pressait : les échos en provenance de la justice italienne étaient assez rassurants. L’ancien ministre n’était toujours pas inculpé par les magistrats milanais et, pour tout arranger, une juge avait prononcé l’acquittement en faveur de l’ancien PDG du groupe italien Eni, Paulo Scaroni et de son entreprise dans l’affaire "Sonatrach 2".

C’était de bon augure, puisque l’une des suspicions qui planait au-dessus de la tête de Khelil concernait une étrange rencontre avec Scaroni dans un hôtel à Paris, ainsi que des enregistrements de certaines conversations téléphoniques entre les deux hommes. La relaxe de Scaroni libérait, de facto, Khelil des possibles charges contre lui.

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7 mars 2016 1 07 /03 /mars /2016 09:26
Kamel Eddine Fekhar

Kamel Eddine Fekhar

La famille de l’ancien membre de la Ligue pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Kamel Eddine Fekhar, saisit Ban Ki-moon.

Profitant de la présence, depuis hier, du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Algérie, elle l’interpelle pour intervenir auprès du gouvernement algérien pour obtenir la libération de son fils et parent, en détention depuis huit mois. «Nous vous demandons, à travers cette lettre, d’intervenir auprès du gouvernement algérien pour obtenir la libération de notre fils et parent arrêté en raison, essentiellement, de la lettre qu’il vous a adressée le 2 juillet 2015», écrit la famille Fekhar dans ce document rendu public lors d’une conférence de presse animée, hier à Alger, par son neveu, Oussama Fekhar, et son avocat.

Pour la famille, «Kamel Eddine Fekhar est accusé par le gouvernement, parce qu’il défend et exige la protection des droit des Mozabites, connus pour leur particularité en tant qu’Amazighs pratiquant un rite ibadite». Mettant l’accent sur la nécessité de protéger cette minorité, la famille du porte-parole du mouvement pour l’autonomie du M’zab rappelle, dans cette lettre, que «plus de 90 détenus croupissent en ce moment en prison parce que leur opinion ne cadre pas avec les idées défendues par le gouvernement algérien».

«Monsieur le secrétaire général, un nombre important de ces détenus ont été arrêtés parce qu’ils faisaient leur prière avec Kamel Eddine Fekhar. Parmi eux, certains souffrant de maladies chroniques et des vieux, dont l’âge dépasse la soixantaine. Leur libération a été refusée arbitrairement alors que leurs dossiers sont vides, comme ils l’ont confirmé à leurs proches après leur passage devant le juge d’instruction», ajoute-t-on dans cette lettre.

Kamel Eddine Fekhar entame une nouvelle grève de la faim

Selon les rédacteurs de ce document, Kamel Eddine Fekhar se considère menacé et soupçonne «le gouvernement de vouloir l’éliminer soit à travers une liquidation physique dans sa cellule ou via une condamnation à perpétuité». «Cette lettre sera adressée directement au premier responsable de l’ONU», affirme Oussama Fekhar. Outre la saisine du secrétaire général de l’ONU, Kamel Eddine Fekhar annonce également sa décision de reprendre, pour la troisième fois, sa grève de la faim illimitée afin de protester contre sa détention provisoire qui sera prorogée, selon Oussama Fekhar, aujourd’hui pour quatre mois supplémentaires. «Kamel Eddine Fekhar dénonce une volonté du pouvoir de lui coller toutes les affaires. Celles-ci s’accumulent. Il y a déjà trois autres affaires qu’on veut lui imputer sans la moindre preuve», souligne encore Oussama Fekhar.

Kamel Eddine Fekhar a été arrêté, rappelons-le, au début du mois de juillet 2015, après les violents événements de Guerrara, dans la wilaya de Ghardaïa, qui avaient coûté la vie à une vingtaine de personnes. Il est accusé de «constitution d’association de malfaiteurs pour atteinte à la souveraineté de l’Etat, à l’unité nationale, à la sûreté de l’Etat», d’«attroupement armé et non armé» et d’«incitation au meurtre»

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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 10:15
Marché parallèle des devises : La monnaie chinoise s’invite au Square

Cédé par les cambistes contre 25,5 DA à la vente et 23 DA à l’achat, le cours officiel culmine à un peu plus de 16 DA pour 1 yuan sur le marché interbancaire des changes.

La monnaie chinoise a fait son entrée à la «Bourse» du square Port Saïd. Le yuan est désormais échangé contre 25,5 DA à la vente et 23 DA à l’achat. Depuis peu, l’actualité du partenariat sino-algérien a été riche en événements ; obligation faite aux banques de régler les transactions commerciales en yuan, financement par des banques chinoises d’un projet d’équipement (nouveau port du Centre)…, le marché parallèle de change tente de s’y adapter, mettant à la disposition des Algériens une offre alternative aux devises des banques.

Cédé par les cambistes contre 25,5 DA à la vente et 23 DA à l’achat, le cours officiel culmine à un peu plus de 16 DA pour 1 yuan sur le marché interbancaire des changes. Les cambistes du square Port Saïd pensent en tout cas opportun de suivre la tendance du marché officiel, tant le rapprochement des deux pays, du moins au chapitre du commerce extérieur, offre une opportunité de fructifier les gains.

L’arrivée du yuan tant sur le marché bancaire que sur le marché parallèle pourrait modifier en profondeur le comportement des demandeurs parmi la communauté d’affaires, soucieuse depuis peu de réduire les risques de change et les effets de la dépréciation de la monnaie nationale. La Banque d’Algérie a donné le la. Dans une note adressée récemment aux banquiers de la place, la plus haute autorité monétaire les a invités au règlement exclusivement en yuan des importations en provenance de Chine. Les autorités monétaires partent évidemment sur un objectif : réduire le risque de change pour les importateurs nationaux.

Ceux qui investissent sur l’axe Pékin-Alger pèsent pour 14% dans le long fichier des importateurs algériens. L’Empire du Milieu figure au palmarès des plus grands fournisseurs de l’Algérie avec, au tableau, environ 8 milliards de dollars d’échanges commerciaux durant les neuf premiers mois de l’exercice précédent. La Chine occupe ainsi le point culminant de la pyramide. Le recours au yuan comme monnaie d’échange devrait limiter les dégâts d’un dollar en forme et d’un dinar qui perd et qui inquiète. Une bouffée d’oxygène pour les importateurs. Voire une valeur presque sûre face aux fluctuations, tant l’Etat chinois s’investit pour que sa monnaie ne soit surévaluée.

Pour la communauté d’affaires algérienne, il y a donc un avantage comparatif à mettre à profit. Sur le marché parallèle de change, on parle déjà d’un yuan compétitif et d’une demande qui va crescendo. On peut, du reste, comprendre l’origine et la destination des yuans échangés sur le marché. Pour Souhil Meddah, expert financier, contacté par El Watan, l’origine des fonds provient surtout des commerçants investis dans le métier de l’import, essentiellement depuis la Chine. «Une partie des montants utilisés dans le règlement des transactions avec leurs fournisseurs chinois est injectée dans le marché parallèle. Ces commerçants sont aussi acteurs de la demande», estime-t-il.

Laquelle demande, d’après lui, croîtrait davantage sous l’effet de la hausse des cours des autres devises (dollar et euro), mais aussi de leur rareté sur le marché. Dans les faits, on peut comprendre ainsi que la monnaie chinoise rejoint nos circuits financiers aussi bien visibles qu’officieux.
Et cela «n’est qu’un début, car une fois endettés envers la Chine, le phénomène va s’accentuer, mais aura de bonnes répercussions sur le marché parallèle en baissant la pression sur l’euro et le dollar qui va en partie enrayer leur hausse exponentielle en leur retirant le marché», estime pour sa part Ferhat Aït Ali, également expert financier.

Dans l’euphorie générale des banquiers et des cambistes, certains analystes tentent de marquer une halte, refusant de perdre de vue les risques de vulnérabilité que présente l’économie chinoise. Aux yeux de certains, le risque, à moyen et à long termes, dépendra du niveau des réserves en yuan qu’entend constituer la Banque d’Algérie, mettant en garde contre une monnaie qui pourrait se déprécier à tout moment, en considération d’une série de contre-performances de l’économie chinoise.

Ferhat Aït Ali montre une inquiétude d’un autre genre : «Les importateurs ont trouvé une combine avec leurs fournisseurs chinois qui leur permettent de payer une partie des produits sur facture et l’autre en sous-facturation, et de ce fait, avec des devises achetées au noir. Cette technique permet de payer moins de droits de douanes, moins de TVA et moins de frais d’assurance et de credoc. En plus, cela permet une minoration fiscale à hauteur du montant éludé dans les achats.» Ainsi, il est si difficile de parier sur la fin des comportements et des fléaux délictuels qui gravitent autour des deux marchés ; ceux de l’importation et des devises.

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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 10:06
Médecine parallèle : Ce désespoir qui enrichit les charlatans

Les services du ministère du Commerce sont confrontés au vide juridique exploité par certains opérateurs.

Des centaines de magasins de vente de plantes médicinales et produits d’herboristerie ont fait leur apparition ces derniers mois dans les grandes villes. Ces surfaces, qui en apparence n’ont rien à voir avec les locaux poussiéreux des herboristes traditionnels qui conseillent des remèdes de grand-mère aux petits bobos de la vie quotidienne, proposent «des traitement alternatifs» à plusieurs maladies. Derrière les vitres esthétiques, les planchers brillants, les étagères modernes se cache un business qui peut conduire le patient aux urgences. Des flacons, des bocaux et des sachets renfermant des combinaisons de plantes médicinales de la région ou importées promettent la guérison de plusieurs maladies.

Plusieurs enseignes de ces herboristes se sont spécialisées, en effet, dans ce qui est considéré comme des compléments alimentaires, mais auxquels sont attribuées des vertus extraordinaires. Même si les senteurs de plantes très connues des Algériens trahissent les lieux, les emballages et l’apparence soignée de ces boutiques vendent autre chose.

Du miel spécial, cueilli dans des endroits lointains, produits à base de nectar et de plantes spécifiques seraient, selon les vendeurs, le remède tout indiqué contre certaines maladies que la médecine moderne a du mal à traiter, ou nécessitant un suivi assidu en médicaments ou plusieurs séances d’efforts physiques. Selon les indications inscrites sur les boîtes, ces traitements pourraient justement guérir les problèmes du colon, de l’eczéma...

Problèmes d’acné ?

Au niveau de cette boutique située rue Boukella, à Bab El Oud, une multitude d’applications sont proposées pour venir à bout de ces boutons disgracieux qui hantent les jeunes et auxquels les médicaments et les traitements «classiques» ont du mal à remédier. Dans certaines surfaces, les vendeurs proposent des traitements contre des maladies chroniques. «Ceci est le médicament contre le goitre», propose un jeune vendeur, employé au niveau d’un magasin «spécialisé», situé à Belouizdad, au cœur de la capitale.

«Vous devriez en prendre assez souvent pour stabiliser votre goitre», dit-il à une jeune femme qui demande conseil pour réduire les effets secondaires du traitement chimique auquel elle est soumise depuis une année. Apparemment, le vendeur ne semblait pas avoir les connaissances suffisantes pour répondre à «sa patiente» quand cette dernière l’a interrogé sur les interactions avec le traitement à l’iode prescrit pour certaines maladies liées à la thyroïde. «Ah, vous avez subi une ablation ? Il ne fallait pas.

Ce traitement aurait pu vous éviter justement ce genre de chirurgie. Il stabilisera vos hormones», précisera-t-il à sa cliente potentielle qui ne semblait pas très convaincue. «Comment trois herbes peuvent-elles remplacer mon traitement, c’est trop facile», se dit-elle avant de remettre la boîte à sa place et de remercier le vendeur. Dans une boutique située à la place des Martyrs, des traitements sont proposés aux problèmes de l’obésité. Ainsi, des propriétés sont attribuées aux solutions à base d’herbes contenues dans des flacons et dont les noms ne sont pas étrangers à la flore locale.

On vend du rêve à des milliers d’Algériens atteints par des maux dus à certaines maladies chroniques, au changement du mode alimentaire et tout simplement à la génétique. A les en croire, il suffirait de quelques jours de prise de ces sirops pour se débarrasser définitivement des dizaines de kilos en plus. Ces boîtes «magiques», sur lesquelles sont inscrits les noms des plantes, sont cédées à des prix variant entre 300 et 1200 DA pour une utilisation régulière de quelques jours.

Ces traitements offriraient des solutions aux irritations du colon, à l’allergie, à l’ulcère, au diabète, aux dysfonctionnements hormonaux, à tous les problèmes de l’appareil digestif, à la stérilité, aux problèmes de la prostate, à la chute des cheveux, à la chute du poids… Ainsi, le vendeur se transforme souvent en praticien de la santé. Il propose, oriente et parfois recommande des traitements sans en connaître les conséquences

Poudre de perlimpinpin

Des spécialistes de la santé dénoncent le flou qui caractérise ce créneau. Ces surfaces ne relèvent pas des activités commerciales réglementées, affirme-t-on à la direction de la concurrence et des prix. Les médecins mettent en garde contre cette forme de médication et déplorent l’anarchie totale dans la régulation du marché des plantes médicinales et ce qui pourrait être assimilé à de la médecine alternative.

Des spécialistes pointent du doigt des «praticiens qui ont développé un véritable business avec de vrais-faux cabinets de soins, où l’on prescrit des traitements à des patients sans aucune formation ni connaissance de ces traitements». Le docteur Bekkat, du conseil de l’Ordre des médecins, dénonce une régularisation de la pratique de la médecine et de la pharmacie sans aucune compétence ni qualification et les conséquences qui en découlent. Le président du conseil de l’Ordre des médecins révèle que son autorité a saisi à maintes reprises divers services du ministère de la Santé et celui de l’Intérieur, «sans aucun effet à ce jour.

Ces cabinets et ces boutiques continuent à exercer la médecine et font dans la pharmacie informelle sans que cela ne suscite la réaction des autorités sanitaires et sécuritaires du pays», ajoute le Dr Bekkat en soulignant le danger encouru par certains patients qui ne mesurent pas les conséquences dans ces traitements. «C’est le coma assuré», explique le médecin en évoquant les cas des malades diabétiques invités à suivre un traitement «alternatif» à base de plantes et de miel. Et d’ajouter : «Le pire, c’est que le malade consent à abandonner son traitement chimique, d’où l’impossiblité d’établir la responsabilité directe de ces praticiens pour les poursuivre ainsi en justice.»

Le cas d’une prétendue praticienne exerçant il y a quelques années, à Châteauneuf (Alger) a défrayé la chronique. Cette femme, qui ne possède pas les qualifications requises, prétendait depuis des années qu’elle guérissait plusieurs cancers grâce aux vertus thérapeutiques des plantes locales. S’appuyant sur des témoignages de faux clients, elle vendait son produit à des malades désespérés contre des sommes faramineuses.

Le cousin d’une de ces victimes se rappelle encore comment cette fausse praticienne a convaincu la malade d’abandonner ses séances de chimiothérapie et de suivre un traitement à base de plantes. «Ma cousine ne s’en est pas remis, nous n’avons rien pu faire pour elle», déplore notre interlocuteur, toujours inconsolable mais soulagé que cette «guérisseuse» ait été arrêtée.

Pour quelques milliers de dinars

Les services du ministère du Commerce sont confrontés au vide juridique exploité justement par certains opérateurs qui n’hésitent pas à se faufiler pour s’imposer sur le marché local. Rien qu’au niveau de la wilaya d’Alger, ils sont 281 opérateurs à être inscrits au registre du commerce. «Il faut en compter autant au niveau des grandes villes», indique une source dudit ministère. Des herboristes, qui n’ont de cette qualification que le nom, tentent d’exploiter le vide juridique. Après l’établissement El Hachimi dénoncé par plusieurs médecins, un supposé expert égyptien en herboristerie, installé à Ben Omar, à Kouba, à Alger, a été interdit d’exercer.

En effet, les investigations menées par les services de la répression des fraudes ont révélé plusieurs infractions, notamment l’exercice d’une activité autre que celle mentionnée dans le registre du commerce. Cet herboriste pratiquait des consultations sans avoir d’autorisation. Les services de la DCP ont relevé les infractions de publicité mensongère, utilisation de la mention : autorisé par le ministère de la Santé et de ce fait ont procédé à la fermeture du commerce et à l’interdiction d’exercer du mis en cause sommé de se conformer aux textes en vigueur.

Les services de contrôle dépassés

Selon les services de la DCP, «le contrevenant demandait à ses patients des informations concernent leur état de santé motivé par un bilan biologique afin de leur remettre des préparations appropriées à leur maladie. Comme prescrits sur les notices, ces produits sont considérés comme des compléments alimentaires non inscrits à la nomenclature nationale des médicaments, en se justifiant sur le courrier de la direction de la pharmacie sous-direction de l’enregistrement.

Les services du ministère du Commerce sont impuissants devant les pratiques peu orthodoxes de ces «praticiens». Le cadre juridique (la loi n° 08-13 du 20 juillet 2008 modifiant et complétant la loi n° 85-05 du 26 février 1985 relative à la protection et à la promotion de la santé) n’aborde pas les aspects liés à la définition de cette activité, ne prévoit pas de dispositions spécifiques pour réglementer ce commerce en tant qu’activité de santé.

C’est pourquoi le métier n’est pas inclus dans la nomenclature des activités réglementées. Les services du ministère du Commerce ont déjà saisi les plus hautes autorités pour mieux contrôler cette activité «Il est recommandé de l’introduire dans la nomenclature du registre du commerce et d’attribuer un cadre réglementaire spécifique comme celui de la pharmacie», lit-on dans une correspondance adressée au directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes.

Les missions de contrôle actuellement attribuées concernent la vente au détail au niveau des marchés communaux des herbes médicinales, à l’exclusion des préparations ou compositions médicamenteuses, le contrôle de l’étiquetage et de l’emballage et des références du fabricant local ou à l’importateur. Ces services contrôlent aussi les conditions de stockage et de vente.

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 13:19
Audition des témoins au procès Sonatrach 1 Quand Chakib Khelil imposait sa loi

lus d’une vingtaine de témoins étaient au rendez-vous, hier, au tribunal criminel d’Alger, où se déroule le procès Sonatrach 1. Des membres des commissions d’ouverture des plis relatifs à la télésurveillance ont affirmé qu’avant même de connaître les offres, le comité exécutif de la compagnie avait décidé de passer au gré à gré, alors que ce mode n’était pas prévu par les procédures internes
de Sonatrach.

Une vingtaine de témoins, parmi lesquels des secrétaires, des membres des commissions d’ouverture des plis, etc., se sont succédé hier à la barre du tribunal criminel d’Alger, lors du procès Sonatrach 1. Certains ont éclairé des zones d’ombre du dossier de «télésurveillance», d’autres n’ont fait que se présenter avant de repartir, car n’étant pas concernés par la prise de décision.

Le premier à être appelé par le juge est Hanafi Sifodil, directeur central à la Banque d’Algérie. Il revient sur la mission d’inspection menée au niveau de BNP Paribas. Selon lui, les inspecteurs ont découvert des opérations suspectes de mouvements de fonds, alors que la banque en question avait fait deux déclarations de soupçon en 2010. «Selon la banque, il s’agit de dividendes du holding Contel, dans laquelle travaillaient Meghaoui et son fils. Nous avions demandé des documents, mais la banque ne les avait pas. Tous ces mouvements, n’étaient pas justifiés, donc leur origine n’a pu être déterminée.»

L’accusé El Hachemi Meghaoui demande une confrontation. Le juge l’appelle à la barre. «Les fonds reçus n’étaient pas les dividendes de Contel, mais du holding.» Sifodil réplique : «Les informations concernant le dossier montrent que le virement électronique provenait de Contel.» Il explique toutefois que c’est la banque émettrice, Natixis, qui est dans l’obligation de justifier les opérations, et non pas BNP. «Mais nous avions une mission limitée. Celle de vérifier s’il y a eu ou non un mouvement suspicieux», dit-il. Kamel El Hachemi est chef des projets, chargé de la réalisation de trois contrats de télésurveillance, qui dit-il, ont tous été exécutés. «Nous n’avions pas fait de réception, parce que les projets ont été suspendus en mars 2010, période de garantie.»

Un des avocats interroge le témoin sur la garantie de bonne réception. Il répond : «Il s’agit de 10% du montant des marchés qui sont restitués, à hauteur de 5% la première année, et les 5% restants à la levée des réserves. Cela n’a pas été fait, parce que les réserves, liées plus à des améliorations de fonctionnalité des équipements, n’étaient pas toutes levées et les comptes étaient gelés.» L’avocat insiste pour savoir s’il y eu un contrôle technique des supports de caméras. Le témoin indique qu’il a été effectué par le CTC, aux frais de Sonatrach.

Une polémique éclate entre les avocats autour des détails techniques des poteaux et des caméras. Le juge interpelle la défense et lui demande de revenir aux faits. Il appelle Kosh Hash Stephen, avocat, représentant de Funkwerk. «Je ne peux rien dire sur les contrats. Je n’étais pas présent. Je ne sais rien. On m’a donné un dossier que j’ai remis au juge d’instruction», déclare t-il, précisant avoir été choisi pour répondre aux questions du juge, parce qu’il était le seul qui parle français. Le président : «Vos réponses se trouvent sur 7 pages… » Le témoin : «C’est ce qu’on m’a dit de dire.»

Le magistrat appelle alors Mohamed Bouchème, responsable juridique à la direction de la production, dépendant de l’activité Amont. Il avait pris en charge trois contrats de gré à gré de la télésurveillance. Il affirme que les statuts des sociétés font partie des documents composant le dossier administratif. «C’est le service contrat qui examine en premier lieu le dossier. Au début, nous avions reçu l’acte constitutif du groupement Contel-Funkwerk, dont la date d’expiration était très proche. Nous avions attiré l’attention des responsables en exigeant les statuts de Contel», souligne-t-il.

Le juge lui demande s’il n’avait pas remarqué le nom de Fawzi Meziane, fils du PDG, sur le statut de Contel. Le témoin : «Les cadres qui traitent le dossier n’ont pas fait attention.» Le juge : «Ils ont relevé la date d’expiration et pas le nom de Meziane Fawzi ?» Le témoin : «A aucun moment, nous n’avions été informés de ce fait.» Il explique que les dossiers de gré à gré ont été transmis par le département HSE, dirigé par M. Maghouche. Il nie toute responsabilité concernant la non-publication des cinq contrats au Baosem, qui, note-t-il, ne relève pas de ses prérogatives, mais de celles la direction régionale de production.

A propos de la consultation restreinte, il affirme que la R15 n’avait pas évoqué la consultation restreinte, un mode qui passe par une dérogation du PDG. Selon lui, «le principe à Sonatrach est de retenir les offres moins-disantes et non pas les mieux- disantes, sauf dans des exceptions comme les contrats d’étude par exemple. La vérification des dossiers se fait sur la base de la R15, sauf les cas particuliers comme ces contrats où il y a eu une demande d’opportunité spécifique, justifiée et expliquée par le maître de l’ouvrage et qui nous échappe.

Notre rôle se limite à une vérification formelle». Mounir Belhocine, membre de la commission d’ouverture des plis liés aux offres de la télésurveillance, à l’activité Amont, affirme avoir entendu parler d’une instruction du management qui fait état du partage du marché en quatre lots. «Huit sociétés ont été présélectionnées, quatre d’entre elles retenues, parmi lesquelles une, Siemens, s’est retirée.» Le juge : «Quel est votre rôle alors ?» Le témoin : «Ouvrir les plis et vérifier les cautions bancaires.» Il révèle, cependant, que «dans un processus normal, c’est l’offre la moins-disante qui est retenue, mais puisque le comité exécutif avait décidé de partager le projet, cette logique n’était plus de mise».

«L’instruction du ministre ne nous a pas laissé de choix»

L’avocat de Sonatrach : «Si la commission n’a plus de rôle à jouer, pourquoi procéder à l’ouverture des plis ?» Le témoin : «Elle vérifie les prix et établit les procès-verbaux. C’est la première fois que cette situation se posait à moi.» Lynda Brahiti, membre de la commission des offres commerciales, présidée par Arar, affirme que le mode de marché a été changé «quatre jours avant l’ouverture des plis». «Le président nous avait informé que le marché allait être réparti sur les quatre sociétés.»

Ouahid Amine Taleb, rapporteur de la commission technique d’ouverture des plis, tient les mêmes propos, ajoutant cependant que la répartition de ces lots «a été faite par le comité exécutif et répercutée par le PDG». Le juge appelle Boualem Arar, président de la commission d’ouverture des plis. «Le télex du 16 août 2006 faisait état de la répartition du projet de 123 sites en 4 lots. Nous avons informé les soumissionnaires qu’ils vont être attributaires chacun d’un lot, sans qu’ils sachent lequel».

Cette décision, ajoute-t-il, a été prise par le comité exécutif et répercutée par le vice-président Amont. Selon lui, lorsqu’il y a une situation d’exception ou d’urgence, la réglementation interne permet de recourir au gré à gré. Acculé par le président, il fini par lâcher : «L’instruction du ministre n’a pas laissé de choix.» Le juge l’interroge sur l’indépendance de la commission et le témoin affirme qu’«elle s’exerce dans le cadre du respect des instructions». Le juge : «Dites plutôt dans le cadre de l’exécution des instructions.»

Le procureur général demande au témoin d’expliquer comment les lots ont été répartis entre des soumissionnaires dont les offres concernent l’ensemble des 123 sites. Le témoin : «Les offres concernent chacun des 123 sites. Contel Funkwerk, par exemple, en a obtenu 13.» A propos de la présentation de Contel à Hassi Messaoud, il révèle avoir reçu des instructions, transmises, du vice-président Amont, «me demandant de me rendre à Hassi Messaoud, pour la présentation et pour un test-pilote».

«Le ministre avait menacé ceux qui n’exécuteraient pas ses instructions»

Dans une correspondance adressée le 25 janvier 2005 au témoin, Belkacem Boumedienne lui demande d’aller au CIS avec la société qui a fait la présentation à la direction générale, pour une autre présentation et faire un test-pilote avec la mention «urgence signalée». Le témoin confirme, ajoutant avoir exécuté les «ordres». A propos de l’instruction du ministre, il affirme qu’«elle a instauré l’urgence ayant justifié les consultations restreintes et le gré à gré». Il procède à la lecture d’un «soit-transmis» du vice-président de l’Amont qui donne instruction à Hassani d’étudier l’opportunité avec Contel de lui remettre les plans du CIS et de signer un contrat de confidentialité.

Il est formel : «Même si le nom de Contel n’a pas été cité dans la lettre du vice-président, il y a un ‘soit-transmis’, signé par lui, où ce nom a été clairement indiqué.» Youcef Bencheka, membre de la commission technique d’ouverture des plis, explique avoir étudié les documents administratifs des soumissionnaires, mais dit ne pas se rappeler de ceux présentés par Contel. Ali Maghouche était membre de la commission d’ouverture des plis avant d’être nommé président. «Après l’instruction du ministre sur les projets de sécurisation des sites, le vice-président nous a convoqués pour une réunion avec le comité exécutif, pour réaliser l’état des lieux de la télésurveillance, un plan d’action et un planning de réalisation.

Le comité a approuvé nos idées en nous demandant d’éviter le monopole des sociétés. Dans une deuxième réunion, chacun des responsables avait proposé un nom d’une société spécialisée.» Le juge : «Qui a proposé Contel ?» Le témoin : «Je ne me rappelle pas…» Cependant, il cite la majorité des noms des sociétés et par qui elles ont été proposées, et le juge lui fait remarquer : «Vous vous rappelez de toutes les sociétés sauf de Contel...» Il estime qu’il dit la vérité. Il poursuit : «La consultation restreinte est partie de l’Amont. Nous avions l’obligation d’aller très vite.

Le ministre a menacé ceux qui n’exécuteraient pas ses instructions d’achever le projet avant la fin de 2006. Nous avons décidé de lotir le projet pour partager les 123 sites entre les quatre soumissionnaires.» Le juge l’interroge sur la R15, et le témoin répond : «C’est une procédure interne élaborée par le PDG, qui a le pouvoir de déroger à ses clauses. Raison pour laquelle nous avons demandé l’accord du PDG. Hassi Messaoud est un lot où Funkwerk était déjà présent. Hassi R’mel était connu par Martech et le site de Stah était connu par Vast.»Sur la technologie développée par les sociétés, il déclare que celle de Funkwerk était «la meilleure tout autant que la qualité de service.

Ils nous ont développé des équipements pour Sonatrach qui étaient révolutionnaires et qui le sont encore à ce jour. Le cahier des charges imposait, par exemple, un indice de protection de 54 alors que Funkwerk a présenté des équipements avec un indice de 64 et les autres sociétés de 54. Dix ans, après Bosch vient de mettre au point du matériel avec un indice 64. Funkwerk a même mis au point des caméras résistant aux explosions et à une chaleur de plus de 50°».

La réponse du technicien s’adresse au procureur général qui voulait savoir ce que Funkwerk avait amené de nouveau par rapport aux autres sociétés. Il affirme que Belkacem Boumedienne l’a saisi pour négocier une baisse de 15% sur les prix. «J’ai vu M. Hassani en présence de Gherzi pour lui dire de convoquer le concerné et de négocier. En fait, je pense que la comparaison des prix était plus mathématique que technique.» Acculé par les avocats sur l’instruction dans laquelle il insiste sur la réalisation des projets, le témoin fini par lâcher : «Si je n’exécute pas sur un coup de téléphone, je suis relevé de mon poste. Les instructions du ministre sont exécutées sine die.»

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 11:43
Arrêt du processus électoral en 1992 Que cache la polémique ?

La mort de Hocine Aït Ahmed semble avoir ouvert la boîte de Pandore. Les vieux démons des années 1990 refont surface sur fond de polémiques entre acteurs de l’époque.

Alors que des millions d’Algériens ont accompagné l’un des éminents dirigeants de la Révolution à sa dernière demeure, d’anciens responsables lancent des polémiques aux contours sombres. A commencer par les différentes sorties de l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, qui a senti le besoin d’«apporter des précisions» sur des déclarations que feu Aït Ahmed avait faites de son vivant. Tel un sniper attendant une éventuelle cible, le général Nezzar sort sa grosse artillerie pour démentir des faits qui ont pourtant fait consensus jusque-là : jamais du vivant de Hocine Aït Ahmed, un ancien responsable a démenti le fait que le pouvoir ait proposé au fondateur du FFS de faire partie d’une direction (ou de la diriger) afin de sortir le pays de la crise.

Mais ce débat, qui s’est fait à sens unique puisque l’un des acteurs n’est plus de ce monde, a débordé sur la crise qui a secoué le pays durant les dernières années de la présence de Chadli Bendjedid à la tête de l’Etat. De la responsabilité de l’arrêt du processus électoral aux raisons qui ont poussé le défunt chef de l’Etat à remettre son tablier un soir de janvier 1992, en passant par les violences qui ont marqué le pays durant la période qui a précédé les élections législatives de décembre 1991, tout y passe.

Et si le général Khaled Nezzar, qui était ministre de la Défense au moment des faits, a l’habitude d’assumer ou d’expliquer une partie des faits, l’intrusion du général Mohamed Betchine, qui n’était pourtant pas acteur direct à ce moment-là, veut rajouter une couche à cette polémique qui n’en finit pas d’évoquer d’autres acteurs beaucoup moins loquaces. C’est le cas de Mouloud Hamrouche que le général Nezzar accuse d’être derrière les brutalités qui ont suivi la grève du Fis-dissous en 1991.

Dans ce capharnaüm que «les moins de 20 ans» ne comprennent pas forcément, des questions légitimes se posent. Il s’agit surtout de savoir ce qui motive tout ce beau monde à s’inviter aujourd’hui à une scène où il n’est pas dit qu’ils sont forcément des acteurs de premier plan. Leurs réputations étant faites depuis longtemps, les généraux Nezzar et Betchine ou encore Ali Haroun semblent des joueurs qui évoluent plutôt pour d’autres équipes qui tirent les ficelles derrière les rideaux. Car, personne n’ignore que dans les coulisses du pouvoir se jouent des duels ou des combats encore plus acharnés entre des acteurs qui se battent à couteaux tirés en vue d’acquérir une place dans la course à la succession qui se prépare.

Il est vrai que Abdelaziz Bouteflika, même diminué physiquement, reste présent au cœur du débat politique. Mais, sauf coup de théâtre, le projet de la révision constitutionnelle est le dernier projet politique que son régime est en mesure d’offrir actuellement. Ce qui pousse des cavaliers embusqués à monter sur leurs chevaux et attendre le signal pour la course finale. Et ironie de l’histoire, 24 ans après l’arrêt du processus électoral — synonyme du début officiel de la décennie noire et sanglante —, ce sont encore des militaires de cette époque qu’on croyait lointaine qui font le débat. Ce qui signifie que le pays n’est toujours pas guéri de ses anciennes blessures malgré l’inscription de la «réconciliation nationale» dans le projet de révision constitutionnelle.

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11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 12:34
Droit d'asile : L'Allemagne va fermer ses portes aux Algériens

Les Algériens, au même titre que les Marocains, ne pourraient plus prétendre au droit automatique d'asile en Allemagne, les deux pays étant considérés comme «sûrs» par Berlin.

Ainsi, l'Algérie et le Maroc devraient rejoindre les pays des Balkans occidentaux dans la liste des pays dits sûrs et dont les ressortissants ne pourraient, en conséquence, plus obtenir le statut de réfugié en Allemagne. Les statistiques de décembre ont montré une forte augmentation du nombre d'Algériens et de Marocains entrant en Allemagne pour y déposer une demande d'asile, alors qu'ils étaient minoritaires par rapport aux Syriens, aux Irakiens et aux Afghans. Si la décision concernant les Algériens et les Marocains n'a pas encore été prise officiellement, la chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé que «les perspectives de séjour pour ces réfugiés sont bien moindres que celles par exemple des Syriens et des Irakiens». Les immigrés illégaux payent donc les conséquences directes des événements violents de la nuit du Nouvel an à Cologne. La police dénombre 379 plaintes liées à ces agressions dont environ 40% ont un caractère sexuel. Les suspects sont principalement des «demandeurs d'asile» ou des «immigrés en situation illégale» originaires en grande partie d'Afrique du Nord, a précisé la police locale.

Une précision suffisante pour Merkel, obligée de réagir sur ce dossier après avoir été critiquée sur sa politique de l'accueil des réfugiés. Comme premières mesures, elle a décidé de durcir dorénavant le régime d'expulsion des demandeurs d'asile ou réfugiés condamnés en justice, même lorsqu'il s'agira de sursis, et parlé d'un «devoir d'intégration» pour les immigrés. «Si les réfugiés ont commis un délit », cela doit « avoir des conséquences, cela veut dire que le droit de séjour doit s'arrêter s'il y a une peine de réclusion, même avec sursis », a-t-elle déclaré. La loi allemande n'autorise l'expulsion d'un demandeur d'asile qu'après une condamnation à au moins trois ans de prison, à la condition que sa vie ou sa santé ne soient pas menacées dans son pays d'origine. Le gouvernement allemand tend, par petites touches, à rendre le pays moins attrayant aux yeux des candidats en provenance du Moyen-Orient, d'Afghanistan ou d'Afrique du Nord, et enfin d'en écarter les ressortissants des pays dits sûrs. La situation pour Angela Merkel est d'autant plus délicate que les migrants continuent d'arriver en nombre, entre 3 et 4.000 par jour, après avoir enregistré 1,1 million de réfugiés en 2015. Elle doit aussi faire face à une instrumentalisation des incidents de Cologne par le mouvement islamophobe Pegida qui cherche à récupérer le mécontentement de la population en manifestant dans le centre de la cité rhénane aux côtés d'autres groupuscules d'extrême droite comme Pro-NRW.

Elle doit également composer avec le reste de l'Europe notamment avec les pays de l'Est qui refusent son idée de quotas de répartition au sein de l'UE tandis que la Turquie, la porte d'entrée des réfugiés à l'Europe, ne fait pas trop d'efforts pour juguler ces flux, selon Bruxelles. Si, en 2012, seulement 590 demandes d'asile ont été introduites par des Algériens auprès des autorités fédérales allemandes, en 2014, ce nombre augmente à 2.300, faisant de l'Allemagne, pour la première fois dans l'histoire des itinéraires migratoires des Algériens vers l'Europe, leur première destination d'asile.

Moncef Wafi

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