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12 octobre 2015 1 12 /10 /octobre /2015 12:00
Le général Médiène Tawfik en 1992.

Le général Médiène Tawfik en 1992.

13 septembre 2015, 14 h 44 : coup de tonnerre dans le ciel (pas du tout serein) du sérail du pouvoir algérien. Un très sec communiqué de la présidence de la République annonce qu’elle « a mis fin à ce jour aux fonctions de chef du Département du renseignement et de la sécurité [DRS], exercées par le général de corps d’armée Mohammed Médiène, admis à la retraite1 ». Vingt-cinq ans après sa nomination, le 3 septembre 1990 (par un décret présidentiel resté secret à l’époque), à la tête du DRS, la police politique algérienne, héritière de la redoutable Sécurité militaire de Boumediene, le général Médiène (76 ans), dit « Tewfik » – pourtant spécialement décoré de la « médaille de bravoure » par le ministère de la Défense nationale le 5 juillet 20152 –, est remplacé par l’un de ses anciens adjoints, le général Athmane Tartag (65 ans), dit « Bachir » (de son vrai nom El-Bachir Sahraoui).

Aux origines : la « sale guerre » des années 1990

Régulièrement et faussement donné « partant » depuis 1995 par les ragots récurrents de la presse algéroise3, celui qui a longtemps été considéré, à juste titre, comme l’« homme fort » du pouvoir politique et économique algérien, aurait donc été officiellement « débarqué » par le président Abdelaziz Bouteflika (78 ans), lequel incarne depuis 1999 la façade « démocratique » de l’« Algérie Potemkine »4. Une fable d’autant plus invraisemblable que nul n’ignore que ce dernier, victime d’un grave accident de santé en novembre 2005 (on a parlé alors d’un cancer à l’estomac), puis d’un accident vasculaire cérébral en avril 2013, est depuis lors très diminué ; au point que depuis sa quatrième réélection (frauduleuse comme les précédentes) en avril 2014 à la tête de l’État, il n’est plus qu’une sorte d’ectoplasme politique ne disposant, au mieux et grâce à force drogues, que de quelques heures de lucidité quotidienne. Et donc dénué du moindre pouvoir réel.

C’est pourquoi le tsunami de commentaires qui a accompagné le départ du général « Tewfik » Médiène dans la presse algérienne (officielle comme « opposante », imprimée ou « en ligne ») doit être considéré avec les plus grandes précautions, tant s’y mêlent les désinformations made in DRS et les élucubrations les plus absurdes. Perplexes à juste titre face à ce nouvel épisode relevant de la difficilement décryptable « kremlinologie » algéroise, les médias occidentaux se sont en général cantonnés à l’évocation prudente de la thèse avancée par la plupart des médias algériens : l’éviction du général « Tewfik » Médiène et de son « clan » marquerait le triomphe du « clan Bouteflika », incarné par Saïd Bouteflika, frère cadet du président qui tirerait les ficelles à sa place ­ – dans le but, selon certains, de le remplacer.

Cette thèse résiste mal à l’examen objectif des informations disponibles à tous, et de quelques autres, plus confidentielles, recueillies par Algeria-Watch depuis que notre association s’est engagée en 1997 pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Algérie. Algeria-Watch n’est évidemment pas dans le « secret des dieux » qui décident au sein du pouvoir algérien. Mais la persévérance dans la mission que nous nous sommes fixée nous a permis de recevoir régulièrement, au fil des années, nombre de témoignages de qualité (dont plusieurs émanant d’officiers patriotes révoltés par les exactions et la corruption de leurs supérieurs). Ces témoignages, qui ont pu être vérifiés et validés, permettent d’apporter un éclairage utile pour comprendre les vraies raisons du « départ » du général Tewfik.

Ces raisons ne peuvent toutefois être comprises sans un rappel du rôle majeur joué par ce dernier et par son récent successeur dans la « sale guerre » conduite, dans les années 1990, par les chefs de l’armée et du DRS contre la population civile, « coupable » à leurs yeux d’avoir majoritairement voté pour le Front islamique du salut (FIS) en décembre 1991, et dont une infime minorité avait choisi la lutte armée. Sans d’ailleurs que la plupart de ces militants aient alors compris que les « groupes islamiques armés » (GIA) étaient progressivement devenus des « groupes islamiques de l’armée » contrôlés par des agents du DRS ou des islamistes retournés par eux5.

Tewfik et la « machine de mort »

Le général « Tewfik » Médiène a été le principal organisateur de cette stratégie de guerre contre-insurrectionnelle, qui a fait des dizaines de milliers de morts et de disparitions forcées de 1992 à 2000 (une stratégie directement inspirée de la « doctrine de guerre révolutionnaire », ou « DGR », théorisée et mise en œuvre par l’armée française contre le peuple algérien à partir de 1954, lors de la guerre de libération engagée par les nationalistes du FLN6). Autant de crimes contre l’humanité, selon la définition donnée par les statuts de la Cour pénale internationale (CPI). Des centaines d’officiers supérieurs des forces spéciales de l’ANP et du DRS en ont alors été les acteurs ou les complices, tandis que des milliers de soldats du rang n’avaient d’autre choix que de faire le « sale boulot » (comme avant eux les soldats français mobilisés en Algérie pour « casser le bougnoule »). Depuis 1997, Algeria-Watch s’efforce de documenter leurs exactions, dans la perspective d’actions judiciaires qui permettront à leurs victimes de faire reconnaître leurs droits.

Après une carrière parfois chaotique après l’indépendance au sein de la Sécurité militaire, la police politique du régime, Tewfik a été promu à sa tête en 1990 (quand elle est devenue « DRS »), à l’initiative du général Larbi Belkheir qui était alors l’« homme fort » du régime. Déjà considérables, les pouvoirs du DRS et de son chef vont s’étendre encore à partir du coup d’État militaire du 11 janvier 1992, dont les promoteurs déposent le président Chadli Bendjedid et annulent le second tour des élections législatives qui allaient être remportées par le Front islamique du salut (FIS). Avec son adjoint Smaïl Lamari, dit « Smaïn » (1941-2007)7, Tewfik sera ensuite le principal concepteur et organisateur d’une véritable « machine de mort » clandestine visant à « éradiquer » toute opposition – islamiste ou non –, par tous les moyens : torture généralisée, disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires par milliers, manipulations des groupes armés se réclamant de l’islam, déplacements forcés de population, élimination systématique des officiers en désaccord avec cette politique… Une entreprise conduite par ces deux hommes en étroite concertation avec les autres généraux « janviéristes » – le putsch a eu lieu en janvier 1992 – à la tête du gouvernement, de l’Armée nationale populaire (ANP) ou du DRS : Larbi Belkheir, Khaled Nezzar, Abdelmalek Guenaïzia, Mohammed Lamari, Mohammed Touati (ainsi que de leurs complices civils). La principale motivation de ces hommes n’était aucunement idéologique ou « républicaine » : il s’agissait pour eux de préserver à tout prix les circuits de corruption et d’enrichissement qu’ils avaient construits à leur profit depuis le début des années 1980, en éliminant ou en retournant tous ceux qui auraient pu les mettre en cause – les islamistes au premier chef – et leurs partisans, par un véritable « terrorisme d’État » – une politique globalement avalisée par les gouvernements français successifs (voire activement soutenue par certains d’entre eux).

Depuis plus de quinze ans, les modes d’action de ce terrorisme d’État, le détail de ses exactions et les noms de leurs responsables ont été largement et rigoureusement documentés par les enquêtes d’ONG nationales et internationales de défense des droits humains, les témoignages d’officiers dissidents et de familles des victimes, ainsi que par des enquêtes de journalistes indépendants8. Ces publications ont attesté que la « guerre contre les civils » des années 1990 en Algérie s’inscrit bien dans le sinistre cortège des tueries d’État industrialisées recensées depuis la Seconde Guerre mondiale : celles où, en dehors des guerres coloniales et des guerres interétatiques, les victimes nationales se comptent à chaque fois en centaines de milliers (Indonésie, Chine, Cambodge, Guatemala, Colombie, Soudan, Congo-Kinshasa, Sri Lanka, Rwanda, Tchétchénie, pour ne citer que les principales).

Certains des crimes contre l’humanité commis alors à l’initiative de Tewfik Médiène et de ses collègues ont notamment été révélés en 2001 par le lieutenant dissident Habib Souaïdia, dans son livre La Sale Guerre, où il relatait les atrocités dont il avait été le témoin9. Puis par un autre officier dissident en 2003, le colonel Mohammed Samraoui, qui a détaillé dans saChronique des années de sang les modalités de l’instrumentalisation de la violence « islamiste » par les chefs du DRS et de l’ANP10. En octobre 2003, Algeria-Watch et le militant algérien Salah-Eddine Sidhoum ont publié le rapport Algérie, la machine de mort, qui établissait en détail, témoignages à l’appui, le fonctionnement de l’appareil répressif largement clandestin mis en œuvre par ces derniers11. En 2004, dans un livre de référence, Françalgérie. Crimes et mensonges d’États, les journalistes Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire ont très précisément synthétisé et mis en perspective l’ensemble des informations alors disponibles permettant de comprendre la mise en place de cette « machine de mort », ainsi que la complicité des autorités françaises dans ce processus12. Un travail complété et détaillé, la même année, par le Comité justice pour l’Algérie, organisateur à Paris de la 32e session du Tribunal permanent des peuples consacré aux « Violations des droits de l’homme en Algérie, 1992-200413 ». Et depuis lors, Algeria-Watch n’a cessé de documenter, par de multiples études et communiqués, le rôle du DRS et de son chef Tewfik dans ce terrorisme d’État, toujours actif en 2015, certes sous de nouvelles formes.

Mais force est d’admettre que toutes ces informations, pourtant assez facilement vérifiables, n’ont guère été reprises à l’époque par les médias occidentaux, notamment français, que la plupart ont alors ignorées. D’où leur perplexité quand ils ont dû, dix ans plus tard, tenter d’expliquer les raisons du départ de « Tewfik », parfois qualifié de « dieu de l’Algérie » dans la presse algérienne elle-même. Ces médias ont en effet été les premières cibles du dispositif sophistiqué de désinformation déployé dans les années 1990 par le chef du DRS et ses collègues, visant à cacher la réalité du terrorisme d’État qu’ils mettaient en œuvre : leur pari étant que l’ennemi désigné par eux étant le « barbare islamiste », les médias français et occidentaux fermeraient les yeux sur la barbarie d’État mise en œuvre pour l’« éradiquer ».

Un pari malheureusement gagné pour l’essentiel, comme l’atteste entre mille exemples le silence qui a accueilli en France la publication en 2008 du bouleversant et révélateur témoignage posthume du journaliste algérien Saïd Mekbel, assassiné le 3 décembre 1994 par des « islamistes »14. Dans ces entretiens accordés à l’automne 1993 à la journaliste allemande Monika Borgmann, l’éditorialiste du quotidien Le Matin – où il soutenait pourtant avec constance la politique d’« éradication » des islamistes poursuivie par les généraux janviéristes – expliquait pourquoi il était convaincu que les meurtres d’intellectuels laïques qui se multipliaient depuis quelques mois, attribués aux GIA (ou revendiqués par eux), étaient en réalité commandités par le général « Tewfik » Médiène : il s’agissait selon lui d’un « terrorisme pédagogique », visant à « réveiller la société civile »15. Et il disait sa conviction que s’il était tué à son tour, ce serait sur son ordre.

Tartag, le « monstre » de Ben-Aknoun

Ces rappels – évidemment trop succincts – de la carrière criminelle du général de corps d’armée Mohammed Médiène étaient nécessaires pour expliquer la quasi-sidération qui a suivi, dans les médias occidentaux, l’annonce de son remplacement en septembre 2015 à la tête du DRS par le général-major à la retraite Athmane « Bachir » Tartag, qui fut longtemps l’un des pires exécuteurs de sa « machine de mort ».

De 1990 à mars 2001, le commandant (puis colonel) Tartag a dirigé le Centre principal militaire d’investigation (CPMI, situé à Ben-Aknoun, dans la banlieue d’Alger), une unité dépendant de la Direction centrale de sécurité de l’armée (DCSA), l’une des principales directions du DRS. Durant toutes ces années-là, la caserne du CPMI a été l’un des pires centres de torture et d’exécutions extrajudiciaires du DRS, comme l’ont documenté depuis de nombreux témoignages16.

Celui de l’ex-colonel du DRS Mohammed Samraoui est à cet égard particulièrement significatif. En juillet 1994, alors qu’il était en poste à l’ambassade d’Algérie en RFA, il rendit visite lors d’un passage à Alger à Bachir Tartag, qui avait été autrefois son subordonné et son ami. Voici comment il a rendu compte de cette visite dans son livre : « C’était vraiment hallucinant ! Lors de mon entretien avec le lieutenant-colonel Tartag, j’ai appris que, dès le début 1992, il avait constitué sur ordre du colonel Kamel Abderrahmane [chef de la DCSA], une unité de “commandos” appelée “unité d’action” qui se chargeait non seulement de l’exécution des suspects, mais également de terroriser les familles d’islamistes dans les quartiers considérés comme leurs fiefs. Selon ses propos, “il coupait le soutien aux intégristes qui ne devaient plus retrouver refuge chez leurs parents”.

« Cette unité était constituée de plusieurs groupes de six à dix éléments accoutrés en tenue “afghane” et portant des barbes d’une dizaine de jours. Au milieu de la nuit, à bord de véhicules civils banalisés, ils se rendaient dans les quartiers “islamistes” comme Cherarba, Les Eucalyptus, Sidi-Moussa, Meftah, etc., pour cibler des familles bien précises, celles des islamistes recherchés. Ils frappaient à la porte en criant : “Ouvrez, nous sommes des moudjahidine.” Dès que la porte s’ouvrait, les occupants étaient tous massacrés. Le lendemain, les quotidiens nationaux attribuaient ces crimes aux islamistes ou à la guerre fratricide déchirant leurs rangs. En 1993 et 1994, le bilan quotidien de ces exactions variait de dix à quarante victimes.

« La justification de ces expéditions punitives contre les “durs de la mouvance islamique” était qu’il s’agissait prétendument d’actions “préventives” visant à éviter que les sympathisants du FIS rejoignent les maquis après avoir été libérés des camps du Sud. Mais il s’agissait surtout de terroriser la population et de se débarrasser des islamistes refusant d’être retournés et qui risquaient de bénéficier de la “complaisance” de la justice. Le lieutenant-colonel Bachir me déclara ainsi : “À quoi bon les remettre à la justice si au bout de trois ou six mois ils sont remis en liberté pour nous harceler de nouveau ? Dès que quelqu’un tombe entre nos mains, il ne risque pas d’aller en prison ! Tu vois, on fait faire des économies à l’État !” Quel cynisme ! Sincèrement, j’étais bouleversé : ce n’était plus le capitaine Bachir que j’avais connu à Constantine, gentil, serviable, éduqué, humain… J’avais en face de moi le lieutenant-colonel Tartag devenu un monstre, un mutant17. »

Dans son livre, Mohammed Samraoui révélera également que Tartag était particulièrement impliqué, dès 1992, dans l’infiltration et les manipulations des premiers groupes armés islamistes, puis dans le pilotage des groupes directement contrôlés par le DRS, comme le Front islamique du djihad armé (FIDA) et le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni18. Parmi les innombrables horreurs perpétrées par ces « groupes islamiques de l’armée », principalement contre la population civile, il faut très probablement inscrire l’assassinat – revendiqué par le GIA – à Alger, le 3 août 1994, de trois gendarmes et deux fonctionnaires français. En effet, écrivent Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire : « Si l’opération semble bien avoir été exécutée par un groupe armé contrôlé par le DRS, celui de l’“émir” Mahfoud Tadjine, adjoint de Chérif Gousmi et numéro deux du GIA, plusieurs témoins affirment qu’elle fut organisée par le colonel Bachir Tartag, le patron du CPMI de Ben-Aknoun. Aucune enquête n’a été diligentée par Paris sur l’assassinat de ses cinq gendarmes et fonctionnaires, mais toutes les informations disponibles montrent qu’il s’agissait d’une vaste manipulation destinée […] à faire basculer la France dans le camp éradicateur19. »

Fort de ses « états de service », Tartag a poursuivi sa carrière criminelle au sein du DRS, jusqu’à être promu général-major en juillet 2011, juste avant (du moins officiellement) de partir en retraite. Il en a été rappelé par « Tewfik » Médiène en décembre 2011 pour être nommé à la tête de la Direction de la sécurité intérieure du DRS (DSI, qui a remplacé la DCE), la plus importante instance de la police politique. Reste à comprendre maintenant pourquoi, quatre ans plus tard, le premier a remplacé le second.

2013-2015 : l’« effeuillage du DRS » et la valse des dirigeants

La question se pose d’autant plus que le départ de Tewfik est intervenu au terme d’une étonnante séquence de deux ans, qui a vu le DRS progressivement « dépouillé » de plusieurs de ses branches (le plus souvent au profit de l’état-major de l’ANP) et l’éviction de plusieurs de ses responsables. Rappelons les principales étapes de ce processus, telles que l’on peut tenter de les reconstituer à partir d’informations (souvent contradictoires) délivrées par la presse algérienne francophone et arabophone (que nous avons tenté de valider par d’autres sources, sans pouvoir assurer toujours la totale véracité de ces informations, tant reste opaque la communication des sources militaires, ANP ou DRS, du régime algérien) :

– juillet 2013 : le colonel Fawzi, directeur de la Direction de la communication et de la diffusion du DRS (chargé du contrôle des médias) est mis à la retraite d’office ; deux mois plus tard, son service est placé sous l’autorité de l’état-major de l’ANP ;

– septembre 2013 : le général-major M’henna Djebbar (qui fut avec Tartag l’un des pires responsables de crimes contre l’humanité pendant la « sale guerre » quand il dirigeait le CTRI de Blida) est démis de ses fonctions à la tête de la Direction centrale de sécurité de l’armée (DCSA) du DRS, laquelle est désormais rattachée au chef d’état-major de l’ANP et dirigée par le général Lakhdar Tirèche ; et le Service central de police judiciaire des services militaires de sécurité du ministère de la Défense nationale, chargé des enquêtes anti-corruption au sein du DRS, passe également sous la tutelle directe de l’ANP. Une semaine plus tard, les deux directions essentielles restant au sein du DRS sont décapitées : le général-major Athmane Tartag est mis à la retraite – il devient « conseiller » du chef de l’ANP, le général Gaïd Salah (73 ans) – et remplacé à la tête de la DSI par le général-major Abdelhamid Bendaoud, dit « Ali », attaché militaire à l’ambassade d’Algérie à Paris ; le même sort affecte le général-major Rachid Lallali, dit « Attafi » (75 ans), qui cède sa place à la tête de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) au général Mohamed Bouzit, dit « Yacef » (61 ans) ;

– janvier 2014 : la « Commission spéciale de sécurité », officiellement créée en décembre 2013 pour gérer la carrière des officiers de l’armée (et du DRS) et composée des chefs de l’ANP et de la police20 entérine les départs en retraite du colonel Fawzi, du général Djebbar et du général Abdelkader Aït-Ouarabi, dit « Hacène » ou « Hassan », jusqu’alors chef du Service de coordination opérationnel et de renseignement antiterroriste (SCORAT) au sein de la DSI (dirigée par Tartag jusqu’en septembre 2013) du DRS ;

– février 2014 : un mois à peine après sa mise à la retraite, le général « Hassan » est arrêté « d’une manière musclée » par des gendarmes et accusé d’« activités séditieuses » (« constitution de bandes armées, détention et rétention d’armes de guerre, fausses déclarations sur le stock d’armes utilisées ou mises à sa disposition dans le cadre de ses prérogatives (lutte antiterroriste)21 ») ; il est « élargi » quelques jours après, puis on n’entendra pratiquement plus parler de cette affaire étrange dans la presse algérienne pendant dix-huit mois ;

– juillet 2015 : le général-major « Ali » Bendaoud, réputé proche de Tewfik, est remplacé à la direction de la DSI par le général Abdelkader (qui dirigeait le CTRI de Blida, de sinistre mémoire, depuis 2005) ; la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP), qui dépendait du DRS, est rattachée à l’état-major de l’ANP (son patron, le général Djamel Lekhal Medjdoub, est remplacé par le général Nacer Habchi) ; tandis que le général-major Ahmed Moulay Meliani, patron de la Garde républicaine, est remplacé par le général-major Ben Ali Ben Ali, chef de la 5e région militaire ;

– août 2015 : alors que le CSORAT, chargé de la lutte antiterroriste, est rattaché à la DCSA (donc à l’armée), on apprend que le Groupe d’intervention spéciale (GIS, connu comme la « force de frappe » du DRS, unité qui avait été responsable des pires exactions dans les années de la « sale guerre ») est purement et simplement dissous.

Et le 30 août 2015, la presse algérienne rapporte avec force détails que le fameux général « Hassan », l’ancien chef de la lutte antiterroriste au sein du DRS, a été arrêté et incarcéré à la prison militaire de Blida, en attente de jugement pour les « faits graves » qui lui étaient reprochés dix-huit mois auparavant (en substance : au Sahel et en Tunisie, il aurait manipulé, voire directement instrumentalisé, des groupes armés se réclamant de l’islam). Enfin, à l’issue de ces deux années de « valse au sommet », survient logiquement le départ officiel, le 13 septembre, du général Médiène, chef suprême du DRS depuis un quart de siècle.

Peut-on pour autant prétendre, avec la plupart des médias algériens, tous plus ou moins proches jusque-là des hommes de la police politique, qu’il s’agit d’une « vaste opération menée par le clan présidentiel en vue de déstructurer et vider de sa substance le DRS », qui serait devenu une « coquille vide22 » ? Pour trancher cette question, il est essentiel de prendre en compte d’autres facteurs occultés par ces médias – et par la plupart de leurs homologues étrangers, qui les ignorent trop souvent. Quand on ajoute ces « pièces manquantes » d’information au puzzle très incomplet et falsifié proposé par les « sources officielles » pour expliquer les « luttes de clans » au sommet de l’État algérien, après avoir conservé les informations avérées et retiré celles, bien plus nombreuses, relevant de la pure propagande, une image beaucoup plus vraisemblable de ces luttes émerge du puzzle ainsi reconstitué.

Le rôle majeur des pressions américaines dans la prétendue « normalisation » du DRS

Première pièce d’information manquante de ce puzzle : les dessous de la gigantesque prise d’otages opérée le 16 janvier 2013 sur le site gazier de Tiguentourine – à 60 km de la petite ville saharienne d’In-Amenas –, qui s’est soldée par la mort de trente-neuf otages étrangers, un otage algérien et trente-deux assaillants. Dans un article de l’ex-lieutenant Habib Souaïdia23, Algeria-Watch a révélé, un mois après ce drame, ce qui s’est passé alors : selon les informations précises24 qu’il a alors recueillies auprès de « militaires patriotes bien informés » – des officiers qui étaient présents au sein de la cellule de crise constituée sur place par des responsables des forces spéciales de l’ANP et du DRS –, c’est le général Athmane Tartag, alors chef de la DCSA, qui a ordonné aux hommes du GIS, commandés par le général « Hassan », de « tirer dans le tas » : les missiles tirés par leurs hélicoptères ont indistinctement tué les terroristes islamistes et les otages occidentaux qu’ils détenaient (dont dix Japonais, neuf Philippins, six Britanniques, cinq Norvégiens, trois Américains et un Français).

Cette information sur le rôle direct du DRS dans ce drame n’a été reprise par aucun des grands médias occidentaux25. Mais les services de renseignements des principaux États occidentaux impliqués en Algérie (CIA et NSA pour les États-Unis, MI6 pour le Royaume-Uni, DGSE pour la France) l’ont évidemment connue avant Algeria-Watch, tout en se gardant bien de le reconnaître – ce qui les conduira d’ailleurs à exercer des pressions constantes sur les familles des victimes pour qu’elles cessent de se battre sur le plan judiciaire afin d’obtenir vérité et justice.

Dans un autre article que nous avons publié en avril 2015, Habib Souaïdia a donné les clés de ce triomphe de la raison d’État : « Les services secrets occidentaux sauront également très vite par qui leurs ressortissants ont été tués. Mais tenus qu’ils étaient par leur collaboration “antiterroriste” avec les services algériens, ils ont caché cette réalité. Furieux de ce crime du DRS, les chefs des services américains et britanniques ont toutefois fait savoir aux généraux de l’état-major de l’ANP que cela ne devait plus jamais arriver, et qu’ils devaient impérativement mettre fin aux agissements et à l’autonomie des chefs du DRS. D’où le regain de tension entre les deux pôles du pouvoir militaire algérien, qui s’est traduit en septembre 2013 par l’éviction d’importants officiers supérieurs du DRS26. » Telle est en effet, à notre connaissance, la raison majeure de la première vague d’« épuration » au sein du DRS à l’été 2013 que nous avons évoquée, avec l’éviction apparente des généraux-majors Athmane Tartag et M’henna Djebbar, criminels contre l’humanité aux mains trop rouges du sang de leurs milliers de victimes.

Intervient peu après un autre événement essentiel, également pièce manquante dans les puzzles d’information falsifiés proposés par la propagande officielle comme par la plupart des opposants au régime – il y en a certainement d’autres que nous ignorons, mais celui-là, comme le premier, nous semble décisif. Dans un nouvel article publié par Algeria-Watch en avril 2015, Habib Souaïdia – toujours grâce à ses sources au sein de l’ANP – révèle pourquoi l’assassinat en septembre 2014 du touriste français Hervé Gourdel par un groupe armé improbable se réclamant de l’État islamique (agissant en Irak et en Syrie) est très probablement un nouveau coup tordu des chefs du DRS rompus à la manipulation des groupes armés « se réclamant de l’islam ». Et dans cet article, il explique pourquoi cet épisode tragique est d’une certaine façon la conséquence d’un autre survenu à l’été 2013 : l’infiltration, à l’initiative du général Hassan, de « djihadistes » du DRS au sein des maquis salafistes de l’Est tunisien, dans le but de déstabiliser le gouvernement du parti islamiste Ennahda – lequel tombera en décembre 2013. « C’est ce que, explique Souaïdia, selon mes correspondants, des militaires tunisiens ont alors révélé aux services de renseignements américains, qui auraient du coup demandé à nouveau aux chefs de l’ANP d’en finir une bonne fois pour toutes avec ces manipulations des chefs du DRS – d’où l’arrestation (très provisoire) du général Hacène27. »

Avec ces « pièces manquantes », la logique de la singulière histoire de l’« effeuillage » depuis 2013 des prérogatives du DRS de 1990, avatar de l’omnipotente police politique au cœur du régime depuis l’indépendance, apparaît d’une façon sûrement plus conforme à la réalité des débats – et non des « luttes de clans » – au sein d’une coupole mafieuse dont les membres ne partagent qu’un seul et même objectif : durer à tout prix afin de poursuivre l’accaparement et le partage à leur profit (et celui de leurs enfants et de leurs proches) des richesses de l’Algérie.

C’est dans cette perspective qu’ils ont (partiellement) cédé aux exigences formulées par les responsables des services américains et britanniques. Car, comme leurs homologues français, ces derniers n’ignorent évidemment pas le « double jeu » joué depuis le début des années 2000 par les généraux (ANP et DRS) contrôlant le pouvoir réel en Algérie. Un double jeu fondé sur la poursuite de leur politique de manipulation de la violence islamiste – à travers les « groupes islamiques de l’armée » – qu’ils avaient mise en œuvre contre le peuple dans le cadre de leur stratégie « contre-insurrectionnelle » lors de la sale guerre des années 1990. À partir de 2003, ils ont partiellement déplacé au Sahara et au Sahel les actions terroristes des groupes armés islamistes qu’ils contrôlaient directement ou indirectement : GIA, puis GSPC, AQMI, MUJAO, Al-Mourabitoune, Ansar Eddine, etc.28, tandis que certains d’entre eux continuaient à mener des actions sporadiques dans le nord du pays, surtout en Kabylie29. Cela dans un double but : en interne, l’entretien d’un « terrorisme résiduel » permettant aux chefs de l’armée et du DRS de justifier la perpétuation de leur pouvoir autoritaire (avec son cortège de violations massives des libertés élémentaires) ; et, à l’international, de justifier leur rôle de « partenaires incontournables » des puissances occidentales dans la lutte antiterroriste au Maghreb, au Sahara et au Sahel, au motif de leur longue « expérience » en ce domaine.

Duplicité et « jeux de rôles » pour imposer à l’Algérie un nouvel avatar de la police politique

Depuis les attentats du 11 Septembre, les dirigeants américains ont de fait constamment tenu à célébrer publiquement l’« expertise antiterroriste » des généraux algériens30, mais sans être dupes pour autant. Et quand le double jeu de ces derniers a commencé à sérieusement « déraper », notamment avec le drame de Tiguentourine et l’épisode des maquis tunisiens infiltrés, ils ont à l’évidence compris que la « méthode algérienne » devenait plus contre-productive qu’efficace pour tenter de rétablir un minimum de stabilité au Maghreb, après l’intervention militaire de l’OTAN en Libye en mars 2011 (laquelle a détruit le régime dictatorial de Kadhafi au prix d’un chaos régional menaçant d’être aussi durable que celui provoqué par la guerre américaine lancée en 2003 contre l’Irak de Saddam Hussein). Les services américains ont également fait part de leur perplexité quant aux capacités de renseignement opérationnel du DRS, incapable d’anticiper l’attaque d’un site gazier de première importance et de détecter un convoi circulant sur plusieurs centaines de kilomètres dans le désert. Ils ont mis en exergue la déconnexion entre renseignement et unités militaires et ils ont exigé que des mesures correctives soient prises sur ce point. Pour enfoncer le clou, l’armée américaine a annoncé, au printemps 2015, le renforcement substantiel de sa base de Moron de la Frontera en Espagne pour accroître sa capacité d’intervention en Afrique31.

Il est certain que Washington n’apprécie guère le régime algérien, comme en témoigne par exemple le fait que ses relations avec Alger sont principalement gérées par ses services de renseignements et le Département de la défense, tandis que les contacts politiques et diplomatiques restent limités au minimum. Mais les États-Unis doivent tenir compte de la position de la France – laquelle donne sur la question algérienne le « la » au sein de l’Union européenne –, qui accorde de longue date un soutien sans faille au régime antidémocratique de son ancienne colonie. D’où, là aussi, un double jeu de la part de l’administration américaine.

D’un côté, elle se garde bien de dénoncer fortement les graves violations des droits de l’homme perpétrées par le régime algérien, comme d’exprimer ouvertement son inquiétude face à l’incapacité croissante de son gouvernement de façade – celui du très diminué président Abdelaziz Bouteflika et de son inepte Premier ministre Abdelmalek Sellal – de gérer une population réduite depuis 2002 aux émeutes à répétition pour exprimer sa révolte. Un climat social d’autant plus menaçant que l’effondrement des cours des hydrocarbures, seule ressource du pays, remet en question le fondement même de la stabilité du régime : la redistribution clientéliste d’une partie de la rente pétrolière.

Et, d’un autre côté, Washington n’hésite pas depuis 2013 à faire discrètement mais fermement pression (en coordination avec Londres et Paris) sur les vrais « décideurs » algériens, les patrons de l’ANP et du DRS, pour mettre un terme à certains aspects d’un mode de gouvernance devenu inefficace. En témoigne notamment la très discrète « visite de travail » à Alger, le 27 août 2015, du directeur du renseignement national des États-Unis (Director of National Intelligence), James R. Clapper32 : survenant à la veille de l’arrestation du général Hassan et du départ du général Tewfik, cette surprenante visite, sans précédent officiel, semble avoir eu pour premier motif de s’assurer de la bonne exécution des instructions du Pentagone.

Même si bien des aspects de cette affaire restent à éclaircir, il est donc possible d’affirmer sans grand risque que le remplacement de Tewfik par Tartag à la tête du DRS n’est certainement pas – comme l’affirment nombre de médias algériens contrôlés par des hommes d’affaires liés au DRS – le résultat d’une imaginaire « lutte de clans » opposant Saïd Bouteflika, le frère du président, au général Tewfik Médiène, dont il aurait « eu la peau ». Ni même celui d’une lutte farouche entre les chefs de l’ANP et du DRS : même si, depuis la fin de la « sale guerre » qu’ils avaient menée conjointement, ils ont pu diverger – voire s’opposer – sur des choix tactiques, eux-mêmes et leurs successeurs sont restés unis sur l’essentiel, la préservation de leur système de pouvoir (et de leurs richesses issues de la corruption) – dont ils peinent toutefois à trouver des relais dans les jeunes générations.

Il semble en revanche hautement probable que ces vieux « décideurs » ont en partie cédé aux pressions américaines en neutralisant le général Hassan, manipulateur en chef des « groupes islamiques de l’armée » depuis les années 2000 – ce qui pourrait impliquer le reflux de la stratégie d’instrumentalisation du « terrorisme islamiste », privilégiée depuis plus de vingt ans par les généraux. Mais l’indiscutable réduction des pouvoirs officiels du DRS, accompagnée de divers rideaux de fumée destinés à cacher la réalité, est surtout le fruit d’une adaptation très pragmatique aux pressions de Washington. Car le DRS a conservé l’essentiel pour se maintenir au cœur du contrôle de la société : la DSI et la DDSE, les deux directions responsables du contre-espionnage et du renseignement extérieur (à l’image de la DGSI et de la DGSE en France, ou du FBI et de la CIA aux États-Unis).

Tout changer pour que rien ne change…

Reste un paradoxe apparent : si cette opération de « normalisation » du DRS a été déclenchée principalement par les pressions américaines exercées suite à la tuerie des otages occidentaux de Tiguentourine commanditée par Tartag en janvier 2013, pourquoi les responsables des services américains ont-ils finalement accepté que ce soit lui qui remplace Tewfik ?

Selon les informations recueillies par Algeria-Watch aux meilleures sources, l’explication réside dans le double jeu déjà évoqué des services américains (et de leurs partenaires européens), mis en œuvre pour tenter d’en finir avec celui des généraux algériens : ils ont tout fait (notamment à travers les publications des « experts » de l’antiterrorisme des think tanks financés par le Pentagone et les lobbies néoconservateurs) pour occulter publiquement le rôle des chefs du DRS dans l’instrumentalisation de la « violence islamiste » ; tout en faisant savoir aux « décideurs » d’Alger qu’ils devaient en finir avec cette pratique (dont ils entendent sans doute avoir le monopole).

Le « limogeage » de Tewfik et la nomination de Tartag n’ont certainement pas été décidés en 24 heures, le 13 septembre 2015. Tewfik, qui savait depuis longtemps qu’il était dans l’œil du cyclone américain, n’ignorait pas qu’il n’avait évité son éviction au lendemain de Tiguentourine que parce que d’autres avaient payé pour lui. Il savait aussi qu’il ne bénéficiait depuis cette date que d’un sursis, qui a pris fin avec l’affaire de la manipulation du DRS en Tunisie, cause de la chute du général Hassan.

Selon nos informations, la décision de mettre fin aux fonctions de Tewfik aurait été prise lors de la nomination en septembre 2014 de Tartag en qualité de conseiller de Bouteflika, nomination que Tewfik semble avoir lui-même recommandée, ce qui expliquerait pourquoi il a collaboré aux décisions ultérieures. Son remplacement par Tartag arrangeait en effet Tewfik sur plusieurs points. D’abord, il le protégera contre toute action « malveillante », vu qu’il a été son complice depuis 1992, qu’ils ont ensemble tué, égorgé, torturé, etc. Connaissant bien par ailleurs les réseaux de Tewfik à l’intérieur du DRS, Tartag est le mieux placé pour perpétuer le système qu’ils ont conjointement mis en place. De ce fait, il est également le plus à même de contrer éventuellement les Américains, dans le cas où ces derniers « suggèreraient » d’autres mesures qui n’arrangeraient pas le clan des anciens. Et du fait de son passé de sanguinaire, directement passible du TPI, il fera le nécessaire pour éviter à Tewfik et aux autres janviéristes survivants le passage par La Haye. De même, la promotion de Tartag adresse aux centaines d’officiers du DRS et de l’ANP responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans les années 1990 un message clair : leur impunité sera garantie.

Cette nomination a dû faire l’objet d’intenses négociations entre Algériens et Américains qui ont duré un an (septembre 2014-septembre 2015). Car les services de renseignements américains sont également complices d’un certain nombre d’actions attribuées aux groupes « islamistes », au Sahel notamment, et ils ont couvert toutes les turpitudes des Algériens dans ce domaine depuis le 11 Septembre. Seul quelqu’un qui a participé à toutes ces magouilles est en mesure de « veiller aux intérêts » des uns et des autres et donc d’éviter aussi aux Américains pour le moins un grand scandale. Ces derniers craignaient aussi qu’un total démantèlement du DRS déstabilise ce régime qui, finalement, sert leurs intérêts dans la région. La nomination de Tartag est enfin une mesure provisoire : c’est parce qu’il est une sorte d’intérimaire qui devra céder la place à plus ou moins long terme que les Américains ont donné leur accord à sa nomination. Pour toutes ces raisons, Tartag arrange aussi Bouteflika, Gaïd Salah et probablement la plupart des chefs de régions militaires.

Ainsi, derrière les changements d’hommes, les mouvements de structures bureaucratiques, les changements d’attributions et de compétences publiquement affichés dans un curieux exercice d’« opacité transparente », le système de pouvoir reste intact, hors des institutions et hors de tout contrôle démocratique. Ces jeux de chaises musicales dans un théâtre d’ombres ne peuvent dissimuler l’essentiel : l’immuabilité d’un système fondé sur la répression des libertés publiques et l’interdiction de toute activité politique autonome pour maintenir le contrôle absolu de la dictature sur la rente. Ces modifications formelles très scénarisées sont ordonnées selon un storytelling destiné à accréditer la thèse de changements décisifs. Mais rien ne change dans le fonctionnement du pays. Le lifting du DRS annoncé à grand fracas ne signifie aucunement la fin du régime.

Notes

1 « Athmane Tartag nouveau chef du DRS en remplacement de Mohamed Médiène admis à la retraite », Algérie Presse Service, 13 septembre 2015.

2 Hadjer Guenanfa, « Le général Toufik décoré de la médaille de bravoure », TSA, 5 juillet 2015.

3 Voir par exemple : S. Ghazi, « Patron de la puissante DRS depuis 1990, le général Toufik serait partant », El Watan, 23 avril 2001.

4 Sur cette notion, voir notamment nos articles de 2001 et 2012 : « Le livre qui a ébranlé l’Algérie. Entretien avec François Gèze », Politis, 28 juillet 2001 ;Algeria-Watch, « Algérie 2012 : un régime de vieillards sanguinaires en fin de règne », 11 janvier 2013.

5 Voir Salima Mellah, Le Mouvement islamiste algérien entre autonomie et manipulation, CJA/TPP, www.algerie-tpp.org, mai 2004.

6 Sur la « DGR », voir notamment trois ouvrages essentiels : Marie-Monique Robin,Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte, Paris, 2004 ; Marie-Catherine et Paul Villatoux, La République et son armée face au « péril subversif » (1945-1960), Les Indes savantes, Paris, 2005 ; Mathieu Rigouste, L’Ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, La Découverte, Paris, 2009.

7 Algeria-Watch, « Le général Smaïl Lamari et les massacres de 1997 », 3 septembre 2007.

8 Nombre de ces documents sont accessibles sur le site Web d’Algeria-Watch, notamment à partir de la page « Violations des droits humains ».

9 Habib Souaïdia, La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne, La Découverte, Paris, 2001 (voir à ce sujet la page du site Algeria-Watch « Autour du livre La Sale Guerre »).

10 Mohammed Samraoui, Chronique des années de sang. Algérie : comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes, Denoël, Paris, 2003 (sommaire et introduction accessibles sur Algeria-Watch).

11 Algeria-Watch et Salah-Eddine Sidhoum, Algérie : la machine de mort, octobre 2003.

12 Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie. Crimes et mensonges d’États, La Découverte, Paris, 2004 (sommaire et introduction accessibles sur Algeria-Watch).

13 Dix-neuf dossiers très détaillés, accessibles sur le site Web consacré à cette session du TPP (algerie-tpp.org).

14 Monika Borgmann, Saïd Mekbel, une mort à la lettre, Téraèdre/Dar al-Jadeed, Paris/Beyrouth, 2008.

15 Voir la recension de ce livre par François Gèze, « Algérie : révélations posthumes du journaliste Saïd Mekbel », Rue89, 27 février 2008. Voir également Algeria-Watch, « Vingt ans après : décembre 1994, l’assassinat de Saïd Mekbel, le journaliste qui avait dû “avaler ce qu’il sait” », 3 décembre 2014.

16 Voir notamment Algeria-Watch et Salah-Eddine Sidhoum, Les Centres de torture et d’exécution, octobre 2003 (dossier établi pour le Comité Justice pour l’Algérie à l’occasion de la session du Tribunal permanent des peuples consacré à l’Algérie).

17 Mohammed Samraoui, Chronique des années de sang, op. cit., p. 199-200.

18 Voir également Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie. Crimes et mensonges d’États, op. cit., p. 385 sq (« Djamel Zitouni, un “émir” du DRS »).

19 Ibid.

20 Voir Algeria-Watch, « Algérie : explications sur la crise au sommet du pouvoir », 10 février 2014.

21 Ali Graichi, « Le général Hacène interpellé. Adjoint du général Toufik, il est accusé d’activités séditieuses », Algérie Express, 8 février 2014.

22 Voir par exemple, parmi des centaines d’articles de la même veine : YacineBabouche, « Comment le DRS est devenu une coquille vide », TSA, 6 septembre 2015 ; Madjid Makedhi, « Louisa Hanoune : “L’Algérie ouverte à tous les vents…” », El Watan, 17 septembre 2015 (dans cette interview, l’ex-opposante trotskyste ralliée de longue date au régime répète ainsi l’antienne de la propagande officielle, n’hésitant pas à apporter son soutien aux chefs criminels du DRS : « Avec tout cela, Tartag a donc hérité d’une coquille vide. Quel est l’objectif de la destruction du DRS et de l’emprisonnement du général Hassan ? Pourquoi exposer un homme de cette pointure à un jugement de la CPI ? C’est une fragilisation de l’institution »).

23 Habib Souaïdia, « Révélations sur le drame d’In-Amenas : trente otages étrangers tués par l’armée algérienne, au moins neuf militaires tués », Algeria-Watch, 11 février 2013.

24 Sauf sur le nombre exact de victimes, qui était alors encore incertain.

25 À l’exception d’un documentaire télévisé britannique, très peu relayé, Siege in the Sahara, Channel 4, 3 septembre 2013.

26 Habib Souaïdia, « De l’assassinat d’Hervé Gourdel à la déstabilisation tunisienne : manipulations et intox des services secrets algériens », Algeria-Watch, 27 avril 2015.

27 Ibid. L’information nous a été confirmée par ailleurs par des sources tunisiennes de haut niveau.

28 Voir notamment à ce sujet : François Gèze et Salima Mellah, « “Al-Qaida au Maghreb”, ou la très étrange histoire du GSPC algérien », Algeria-Watch, 22 septembre 2007 ; et François Gèze, « Le jeu trouble du régime algérien au Sahel »,in Michel Galy (dir.), La Guerre au Mali. Comprendre la crise au Sahel et au Sahara. Enjeux et zones d’ombre, La Découverte, Paris, 2013.

29 Où surgira, en septembre 2014, un très improbable et éphémère groupe Jund al-Khilafah fi Ard al-Djazaïr (Soldats du califat en terre d’Algérie), qui revendiquera son allégeance à l’État islamique (« Daech ») pour justifier l’atroce exécution du touriste français Hervé Gourdel (voir Habib Souaïdia, « De l’assassinat d’Hervé Gourdel à la déstabilisation tunisienne : manipulations et intox des services secrets algériens »,loc. cit.).

30 Voir par exemple, parmi des centaines d’articles de la même eau dans la presse algérienne depuis 2001 (comme des « copier-coller » répétés ad nauseam une année après l’autre) : Mouloud Aït-Chaâlal, « Rapport du département d’État américain sur le terrorisme dans le monde. L’Algérie, un “leader agressif” dans la lutte antiterroriste »,Le Jeune Indépendant, 3 mai 2004 ; Brahim Takheroubt, « Lutte contre le terrorisme en Afrique. L’ambassadeur des États-Unis encense l’Algérie », L’Expression, 2 octobre 2013 ; Yazid Alilat, « Lutte antiterroriste : Washington encense l’Algérie », Le Quotidien d’Oran, 3 mai 2014.

31 « Official : Spain approves permanent US base for Africa force », AFP, 29 mai 2015.

32 Cherif Bennaceur, « Il effectue une visite inédite : le directeur du renseignement américain à Alger », Le Soir d’Algérie, 29 août 2015.

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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 14:06

Beaucoup d’eau a coulé depuis l’article le complot publié avant les élections présidentielles du 17 avril 2014. Je m’insurgeai contre la théorie défendue par plusieurs analystes selon laquelle l’Algérie est dirigée dans l’ombre par un cartel qui veut rester au pouvoir à tout prix.

J'estime qu’il existe des groupes d’influence très puissants qui défendent leurs intérêts et qu’il y a eu, à un certain moment, un consensus sur le choix de Bouteflika, surtout lorsque les chevaliers de la Triade ont brandi la menace du TPI. Une fois désigné, Bouteflika a constitué son équipe avec des joueurs issus essentiellement de sa dechra, disciplinés et aptes à dribler selon une tactique dénommée “le programme du Président” qu’il est seul à connaître.

Quels sont donc ses véritables objectifs ?

J’ai répondu à cette question avant sa 4e réélection : “Je ne pense pas que «la mafia politique et les pègres régnantes associées en Algérie cherchent à préserver et à protéger leurs intérêts qui durent et perdurent. A mon avis, l’objectif de ceux qui nous dirigent est de terminer leur mission qui consiste à détruire la nation algérienne. Les récents classements de l’Algérie confirment qu’ils sont prêts du but. Pour eux, la fin est proche et ils n’ont pas l’intention de finir leurs jours en Algérie.”

On sait maintenant avec certitude que les joueurs titulaires ont utilisé des fonds illicites pour acquérir des biens à l’étranger et assurer leur transfert dans l’équipe adverse. On sait aussi que leurs proches sont déjà à l’abri dans leur nouveau pays d’adoption. C’est la preuve que le match a été vendu, que le résultat est connu d’avance et qu’il n’y aura pas d’arbitre pour siffler avant la fin de la partie.

Rares sont les personnes qui analysent les évènements de ces deux dernières décennies sous l’angle d’un complot planifié. Je cite S.A. Ghozali (réf.agonie-de-la-nation-algerie) qui, après sa rencontre du 20 avril 2014 avec John Kerry à Alger, avait déclaré : "… Non, je ne vous parle pas de ce qui se passera dans vingt ans, mais dans moins de cinq ans (…) C’était avant la chute des prix du pétrole. Aujourd’hui, il parle d’un "effondrement inéluctable".

Hadj Nacer avait aussi déclaré «le chaos est programmé (…) nous sommes en fin de course de l’utilisation optimale de nos ressources du sous-sol" (...) depuis 25 ans, c’est la mise en œuvre d’une planification qui est la précarisation de la société, “l’informellisation” et l’“écervélation” de la population".

J’avais écrit avant la sonnerie du tocsin déclenchée par la chute importante des prix du brut: «Les milieux intellectuels algériens se focalisent, pour la plupart, sur les affaires de corruption et ne voient donc que l’iceberg du mal algérien. On les comprend, ils se rassurent quelque peu en optant pour la piste maffieuse et en refusant de voir l’insoutenable vérité, celle de la haute trahison au sommet d’un Etat dirigé apparemment par des personnages ayant double ou triple nationalité, des marionnettes au service de l’Oncle Sam et de son exécutant, ancien colonisateur qui a une revanche à prendre, et tout cela sous le regard accommodant de ceux qu’on nommait les gardiens du temple."

Je rends hommage à Malti qui n’a jamais arrêté de dénoncer les méfaits du clan Bouteflika mais je ne partage pas certains points de son analysedu 11 janvier 2015 (algerie-la-fin-de-regne-dun-regime-decadent/) : "Du fait de leur incurie, de leur désintérêt pour le bien-être du peuple et parce qu’ils n’ont toujours été obnubilés que par une seule question, celle de leur survie pour continuer à piller les richesses nationales, ses responsables n’ont pas vu les problèmes s’accumuler depuis des années", écrit-il. Non, on parle d’une corruption portant sur des milliards de dollars en concertation avec des Etats qui en retour assurent le blanchiment de l’argent et l’impunité au Clan. De même, le degré de sophistication des actions de sabotage ne va pas de pair avec l’argument de l’incompétence. C’est vrai que le régime est forcément décadent car il gère une politique suicidaire qui mène tout droit vers un Printemps algérien sans aucune sortie de secours.

Le hasard (?) a voulu que la justice italienne dévoile un aperçu de la toile internationale des montages complexes de financement occulte des opérations illégales du clan Bouteflika et confirme les accusations formulées contre l’ex ministre Chakib Khelil ainsi que ses acolytes Habour, Hamèche, Bedjaoui, etc. Sous les pressions politiques, force est de constater que les autorités judiciaires de Milan et d’Alger (sans oublier celles de Washington) s’accordent aujourd’hui pour reporter inlassablement la tenue des procès liés à ce dossier. Je doute que la lumière vienne des tribunaux. Le glaive de la justice ne tombera pas sur les véritables coupables qui resteront en liberté et l’Algérie ne récupérera pas son argent.

Au dossier de Milan, on pourrait ajouter ceux de Beyrouth, Londres, Genève, Singapour, Dubaï, Madrid, Paris, Washington, Le Caire, Mascate et tant d’autres. Les preuves de l’existence d’une corruption à l’échelle étatique portant sur des dizaines de milliards de dollars existent même si elles ne sont pas (encore) publiques. Une grande partie de cette manne de corruption a été utilisée pour financer un plan diabolique de sabotage qui a nécessité la rémunération directe ou indirecte de complices à tous les niveaux.

La conquête du pouvoir absolu

"Je ne veux pas être un trois quart-président", disait-il en 1999 à la radio d’Europe 1. Bouteflika a attendu le renouvellement de son deuxième mandat pour assoir son autocratie. Dorénavant, les enquêtes d’habilitation défavorablesn’ont plus d’effet sur la nomination des dirigeants. La porte de la gouvernance est ouverte aux bandits des grands chemins qui utilisent l’APN comme vestiaire, le règne de la voyoucratie commence. C’est aussi le passage en force de la loi scélérate sur les hydrocarbures. Les joueurs internationaux se transforment en caravaniers, porteurs de valises, et font leurs affaires en ignorant les jappements des chiens sur leur passage. La maffia étend ses tentacules à toutes les activités et institue la corruption comme sport national. Les gros contrats du secteur public et le foncier de premier choixconstituent le domaine réservé du chef de meute. Les malversations associées à ces contrats, pour la plupart encore confidentielles, entrainent des réactions très timides de la part de la société civile. Même le DRS s’autocensure au niveau de ses enquêtes et ne s’attaque qu’aux seconds couteaux qui croupissent encore en prison. Pourquoi faut-il à tout prix protéger le chef de meute ?

Les médias sous contrôle vont devenir des instruments de propagande, les réseaux sociaux sont neutralisés. Des dizaines de journaux, des TV et des partis politiques ont été créés pour faire diversion et cacher la vérité.

Ne retenons ici que les exemples importants pour l’Algérie. Un journaliste a écrit récemment que la loi 2005 sur les hydrocarbures a été abandonnée. Un lecteur non averti va comprendre "abrogée" et penser que l’échec de la politique de partenariat de cette décennie est imputable à l’ancienne loi. Non, les changements majeurs introduits par Bob Pleasant, l’ami américain de Chakib Khelil qui a rédigé la loi 2005, sont toujours en vigueur. Les agences qui ont été créées pour préparer la disparition de Sonatrach siègent au ministère de l’Energie. L’ombre de Chakib Khelil est omniprésente en Algérie à travers non seulement sa politique, mais aussi les responsables qu’il a désignés et qui sont toujours en poste.

Un autre journaliste du Quotidien d’Oran (30/09/15) que j’apprécie énormément a écrit : "Dans le même ordre d'idées, le carburant, subventionné à près de 75% de son prix réel, alimente toutes les zones frontalières, dans les pays voisins, grâce à un trafic très prospère. Le gasoil, dont les importations se sont élevées à trois milliards de dollars, est particulièrement visé (…). L'exemple de l'énergie est édifiant. Il était attendu du gouvernement qu'il définisse une politique énergétique, et qu'il utilise, éventuellement, les prix, qu'il les manipule, pour orienter la consommation (…). Le bon sens voudrait que le pays, riche en gaz, oriente la consommation vers le GPL."

Le modèle de consommation énergétique existe depuis les années 80. Il n’a jamais été appliqué de manière sérieuse par les gouvernements successifs. Preuve en est: la subvention du prix du gasoil concurrence toujours le GPL carburant et il n’existe aucune réglementation obligeant les concessionnaires à importer des voitures au GPL. La réglementation de sécurité pour le GPL carburant n’a pas évolué et plus grave encore, la première usine de montage de Renault ne prévoit pas de voiture fonctionnant au GPL.

Les exemples sont légion mais, hélas, couverts par l’anonymat depuis que l’instruction présidentielle a remplacé l’étude de faisabilité au niveau des Banques publiques pour le financement de projets pseudo industriels contrôlés par des partenaires arabes privés n’ayant aucune assise financière ou compétence technique. Cette politique va bientôt mettre sur la paille toutes les banques publiques et peut être le trésor algérien qui est leur garantie ultime! Non, le modèle socio-économique de destruction mis en place depuis deux décennies n’est pas le résultat d’incompétences successives ! C’est le produit d’un gouvernement composé de voyous qui nous nargue, nous humilie, nous méprise et œuvre à notre destruction.

Le tocsin sonne depuis la forte chute des prix du pétrole qui est appelée à s’inscrire dans la durée. A titre de rappel, les prédictions du 06 avril 2014 n’envisageaient une chute de prix du pétrole aussi catastrophique: "Aujourd’hui, la maladie du marocain Bouteflika est un très gros souci pour ses commanditaires qui défilent à Alger pour l’encourager et le soutenir dans ses dernières volontés. Ils ont décidé de le reconduire (..) finaliser la mission car l’objectif est pratiquement atteint. Les exportations ont baissé de 30%, le budget n’est plus équilibré avec un baril de pétrole brut à 110 dollars. Il suffirait d’une baisse de prix du brut de 30% pour mettre à genoux l’Algérie et les américains sont bien placés pour anticiper le futur catastrophique algérien. Et ce qui est extrêmement grave, c’est que l’Algérie ne s’en remettra jamais car les exportations vont continuer à baisser.

Il est clair que le programme du 4e mandat va correspondre à l’instauration d’un long hiver algérien et que tous les rats bien engraissés vont bientôt quitter le pays pour rejoindre leurs enfants et les biens qu’ils sont volés. (..) Il n’y a plus rien à cacher car les jeux sont faits. Comme Khelil, Hamèche et les autres, seuls les membres de la cinquième colonne seront exfiltrés en temps voulu. Beaucoup de journalistes sont surpris par le fait que le gouvernement n’ait pas opté pour des réformes efficaces pour tenter de faire face à la crise financière. La seule explication disent-ils, c’est le maintien de la paix sociale, donc la poursuite du 4e mandat en espérant que le gouvernement sait ce qu’il fait et que les prix du pétrole vont remonter.

Alarmés par le rapide tarissement des réserves de change, des économistes bénévoles proposent naïvement des plans de sauvetage. Bien sûr, ils ignorent tout de la baisse rapide de notre production d’hydrocarbures, résultat d’une politique de sabotage de la gestion des gisements et de l’échec enregistré au niveau de l’exploration qui n’a pas permis un renouvellement adéquat des réserves. Ils ne savent pas que la canaillocratie a engendré le bradage au niveau de la valorisation des hydrocarbures,aggravé par un environnement de gaspillage énergétique inouï. Bref, ces économistes sont loin de se douter que le clan Bouteflika a œuvré contre les intérêts de l’Algérie en mettant en place une stratégie machiavélique de long terme visant à désarmer la société algérienne face à un après-pétrole incontournable, notamment en confiant la destruction de l’école aux islamistes, en remettant en cause l’intégrité des institutions, en délaissant l’agriculture, et surtout en mettant en faillite la production nationale concurrencée déloyalement par l’importation sauvage.

Signalons toutefois que, depuis des années, des experts ont tiré à maintes reprises la sonnette d’alarme en particulier au niveau du modèle énergétique de consommation en préconisant des mesures permettant de rationaliser la consommation d’énergie, de diversifier les filières de génération électrique, et d’introduire de manière sérieuse les énergies renouvelables. La réponse du gouvernement, on la connait. Ce sont des taux de croissance de consommation d’énergie effrayants et inexplicables, d’autant plus que l’outil de production industriel est pratiquement à l’arrêt. La contrebande de carburants et de produits alimentaires fortement subventionnés conduit à des ratios de consommation par tête d’habitant incompréhensibles. Et plus grave encore, on assiste à la mise en place, sur instruction présidentielle, d’un transfert de rente à des sociétés privées étrangères à travers des projets pseudo industriels, des opérations de surfacturation pour exporter illicitement les dividendes et l’apothéose, une zone franche dans les pays arabes.

Nous serons bientôt confrontés à la phase finale d’une feuille de route qui est scrupuleusement exécutée depuis presque deux décennies. Cette feuille de route, initialement confiée à Chadli, a été reprise par le clan Bouteflika qui a donné la priorité à:

1. La poursuite de la vaste opération de déliquescence de l’école et de l’université algérienne qui est la pièce maîtresse du plan. Benbouzid et ses spécialistes des «valeurs arabo-islamiques se sont attelés pendant 17 ans à cultiver l’intolérance et l’obscurantisme pour préparer la plateforme idéologique du terrorisme religieux qui va endeuiller l’Algérie.

2. La déstructuration du secteur de l’énergie, moteur du développement économique du pays;

3. La généralisation de l’économie de bazar et la marginalisation de l’outil national de production;

4. Et enfin la prise de contrôle total des institutions encore valides.

Les lois de finance successives confirment que le gouvernement ne fera rien pour retarder les échéances. Ne faut-il pas en conclure que pour le clan Bouteflika, la chute des prix du pétrole est une aubaine car l’Algérie sera à genoux plus tôt que prévu?

Sentant la fin de leur mission, les membres du Clan laissent tomber les masques, narguent leurs opposants, affichent leur incompétence et les biens mal acquis à l’étranger et se vantent d’avoir un autre drapeau (réf. la baisse des prix va faire tomber les masques.)Ils s’enrichissent illégalement en planant au-dessus des lois et en traitant le peuple avec mépris. Ils se soignent à l’Hôpital américain Neuilly, le Val de Grace étant réservé au Président. Un seigneur du clan va jusqu’à publier un placard dans les journaux pour annoncer, sans pudeur, la naissance d’un prince héritier dans cet hôpital américain. Sans surprise, il hérite du Grand-duché du FCE et passe son temps à recevoir les lettres de créances et à créer des duchés régionaux.

Un ministre de l’enseignement supérieur sans le bac, un «derboukiste» voleur à la tête d’un parti, un dentiste, ex responsable au CNES, ministre de l’industrie. Dans cette liste trop longue pour être rapportée ici, il existe un point commun: tous les fidèles ont les papiers pour monter dans l’Arche de Noédu prochain flux migratoire et sont autorisés par leurs parrains étrangers à blanchir les capitaux extorqués à l’Algérie.

Nous entrons aujourd’hui dans la dernière ligne droite de cette feuille de route qui est l’affaiblissement et l’asservissement de toutes les institutions y compris l’institution militaire. C’est la phase la plus délicate de la feuille de route puisqu’elle prépare l’atteinte del’objectif final, celle du «printemps algérien» qui nous fera connaitre les affres de la guerre civile et livrera l’Algérie sur un plateau à ses ennemis d’hier.

Quelle a été la mission de Chakib Khelil en Algérie ?

Mais revenons en arrière de 15 ans, lorsque Bouteflika a fait appel à son ami d’enfance Chakib Khelil pour privatiser Sonatrach et, à défaut, la déstructurer et la vider de ses cadres. Bouteflika qui est revenu en Algérie pour accomplir un acte de vengeance a très vite compris qu’il fallait s’attaquer en priorité au secteur stratégique des hydrocarbures. C’est un constat, les changements introduits par Chakib Khelil au niveau de la loi sur les hydrocarbures ont freiné les investissements d’exploration et réduit considérablement le taux de renouvellement des réserves. Les responsables inamovibles que Chakib Khelil a placés aux postes stratégiques dans les entreprises et les administrations du secteur de l’énergie sont toujours en poste. Le travail de destruction de Sonatrach ne s’est jamais arrêté. Depuis l’ex filtration de Chakib Khelil, la gestion des branches d’activité de cette entreprise est assurée sans motivation par des vice-présidents intérimaires. Les cadres les plus expérimentés qu’on a mis sur la touche font le bonheur de grandes sociétés étrangères. Sonatrach qui est devenue une société sans envergure ni objectifs est aujourd’hui la proie de plusieurs vautours nationaux et étrangers. On assiste à un véritable dépeçage où tout le monde veut sa part, Ali Haddad veut sous-traiter des permis d’exploration, les partenaires n’hésitent pas à lancer des procès en arbitrage sachant que Sonatrach n’est plus outillée, ni soutenue par les pouvoirs publics pour se défendre. La société qui faisait vivre l’Algérie songe plutôt à (je cite) "transformer la SSPA/MCA en une filiale qui aura le même statut que les autres filiales de la firme pétrolière". C’est ce qui s’appelle "se recentrer sur ses métiers de base" et pourquoi pas un institut de football à Boumerdès au lieu et place de l’IAP ? Qu’en pense le Ministre de l’Energie, ex DG de l’IAP? Décidemment, ils veulent tous dribler dans cette équipe de Bouteflika.

Mais, tout d’abord, comment en est- on arrivé là ?

La France a colonisé l’Algérie pendant 130 années pour piller ses richesses. Elle n’a pas jugé utile d’y implanter un tissu industriel pour éviter de transférer un savoir-faire technologique. C’était de bonne guerre. L’Algérie colonisée nourrit la Métropole qui en retour lui envoie des biens d’équipement. Les chômeurs algériens, pour la plupart sans éducation, émigrent en France pour travailler dans les usines et les mines.

L’Algérie indépendante avait affiché clairement une volonté d’utiliser ses réserves pétrolière et gazière pour générer des ressources financières permettant d’investir dans la diversification économique du pays. On a, durant les années 60-70, tenté de faire jouer aux hydrocarbures le rôle moteur du développement dans le cadre d’un programme d’économie planifiée. Le but affiché était de créer une industrie productive ciblée non seulement sur la satisfaction des besoins de consommation locale, mais également vers l’exportation pour permettre à l’Algérie d’être un véritable partenaire dans l’économie mondiale. On était sur la bonne voie.

A partir des années 80, on observe un changement de cap radical. Le gouvernement abandonne officiellement cette démarche et devient obnubilé par des considérations religieuses. Les priorités changent. Tout un programme est mis en place pour arabiser l’enseignement et l’environnement, introduire la charia au baccalauréat, tenter d’arabiser l’enseignement supérieur, changer les mentalités,remplacer nos traditions ancestrales par celles du Moyen-Orient. L’Etatarrive avec l’aide des islamistes à imposer un Code de la famille humiliant pour la femme algérienne. Au plan économique, on opère une destruction en règle de tout ce qui a été bâti auparavant sans aucun justificatif. En 1988, cette politique a atteint ses limites dans un environnement de prix bas du pétrole: l’Etat n’avait plus les moyens d’importer les produits de base pour nourrir son peuple.

On n’a retenu aucune leçon de la politique qui a conduit aux évènements d’octobre 88. Le dogme de l’Etat rentier qui distribue une manne pétrolière jugée (à tort) inépuisable continue à sévir. Notre économie est restée entièrement dépendante du pétrole et nos exportations hors hydrocarbures sont toujours marginales. Les ressources financières qui devaient assurer notre développement économique ont été joyeusement dilapidées. L’Algérie a engrangé environ 800 milliards de dollars d’exportations d’hydrocarbures durant les mandats de Bouteflika.

Où sont passées ces ressources financières ? Sont-elles investies dans le développement de projets structurants et dans la formation de ressources humaines qualifiées? Non seulement, il n’y a pas eu d’investissements productifs, mais plus grave encore, la politique d’importation sans régulation a contribué à la désindustrialisation et à la fermeture des PME, entrainant une hausse du chômage.

Aujourd’hui, même avec un déficit commercial important, le clan Bouteflika maintient sa feuille de route, notamment sa politique d’importation sans discernementavec un passage préférentiel par la zone franche du golfe. Les dépenses fastueuses et improductives, gonflées par une corruption généralisée et ostentatoirecontinuent à alimenter les réseaux d’exportation et de blanchiment de capitaux. A ce rythme de dépenses, il a été établi qu’on devra prendre rendez-vous avec le FMI avant la fin du 4e mandat qui va nous dicter ses conditions. Pour faire semblant de réfléchir à la crise et gagner du temps, le gouvernement fait défiler des experts à Alger.Cet évènement nous fait penser à la mise en place, en 2003, de la commission Benzaghou pour réformer l’école. La technique est identique. On installe des groupes de réflexion alors que la décision de ne pas réformer est déjà prise.

Se basant sur le faible niveau de notre dette publique, des consultants auto proclamés tentent de nous rassurer en nous démontrant que la crise actuelle est moins grave que celle de 1988. Pour eux, il suffirait d’une réforme pour utiliser à bon escient les réserves de change et éviter de se retrouver face au FMI. Ils ne savent pas, hélas, que cette crise financière n’est qu’une petite vague à côté du tsunami de la crise énergétique qui nous attend dans cinq ans.

Epilogue

Avec des prix du brut à plus de 100$/bbl, Bouteflika a su distribuer la rente et faire prospérer les groupes d’influence qui l’ont soutenu. Dans les deux années à venir, Il sera difficile de continuer à dissimuler au peuple qu’il a mené une politique de rapine et de sabotage pour conduire le pays à sa perte (réf. Le chaos sous contrôe).

Il est clair que les réformes et les prochaines mesures d’austérité qui deviendront incontournables feront sortir le peuple algérien de sa profonde léthargie.Le peuple finira par comprendre que l’objectif de la feuille de route du clan Bouteflika est de réunir les conditions pour l’avènement d’un "printemps algérien".

Sid Kaci

 Tôt ou tard, le pouvoir sera confronté à la vindicte populaire

Tôt ou tard, le pouvoir sera confronté à la vindicte populaire

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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 14:02

Les changements opérés au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) s'inscrivent dans le cadre d'une "architecture en place depuis un quart de siècle", a indiqué jeudi la présidence de la République.

Ces changements et ces réorganisations au niveau du DRS "portent sur une architecture en place depuis un quart de siècle déjà, et ont pour objectifs de renforcer la capacité et l'efficacité des services de renseignements du pays, et de les adapter aussi aux mutations politiques nationales", a expliqué la même source dans un communiqué.

C'est dans le contexte d'un "large mouvement" de réformes sécuritaires et politiques, mis en route en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que le processus, ajoute-t-on, sera couronné prochainement par un projet de révision constitutionnelle.

La présidence de la République précise, en outre, que ces réformes ont également concerné, "chaque fois que nécessaire", les institutions chargées de la préservation de la sécurité, à l'image des réorganisations entamées et des changements réalisés au niveau du DRS, "lequel a concouru avec abnégation à la sauvegarde de l'Etat, assume des missions d'intérêt national majeur et recèle des ressources humaines aux compétences avérées".

APS

Le palais d'Al-Mouradia

Le palais d'Al-Mouradia

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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 13:44

Dans cet entretien, Hocine Malti explique que le limogeage du patron du DRS, contrairement à la thèse officielle diffusée par le pouvoir à travers la presse, n'est pas d'une décision prise en toute indépendance par Abdelaziz Bouteflika. Il estime qu'elle n'est pas non plus la victoire du clan présidentiel sur celui du DRS. C'est bel et bien une exigence des grandes puissances occidentales, suite à l'affaire de la prise d'otages de Tiguentourine par Mokhtar Belmokhtar.

Le Matindz : Vous faites partie de ceux qui soutiennent que le limogeage du patron du DRS n'est pas vraiment le fait du clan présidentiel. Ce dernier aurait donc agit pour le compte de puissances étrangères. Pouvez-vous étayer votre argumentaire ?

Je confirme qu'effectivement le limogeage de Toufik n'est pas une décision prise en toute indépendance par le président de la République, ni qu'il symbolise une victoire du clan présidentiel sur celui du DRS. Pourquoi ? Souvenons-nous de ce qui s'est passé lors de l'attaque terroriste contre les installations pétrolières de Tiguentourine au mois de janvier 2013. Le groupe terroriste d'une vingtaine de membres, armés jusqu'aux dents, avait parcouru environ un millier de kilomètres à travers le Sahara sans être repéré, ni arrêté, malgré la présence de l'armée, de la gendarmerie, malgré les check-points, et malgré la surveillance aérienne.

Ensuite, lors de l'assaut donné par les forces spéciales, 38 otages occidentaux ont été tués par ces forces dirigées par le général Hassen, l'opération elle-même étant supervisé par celui qui est devenu aujourd'hui nouveau patron du DRS, le général Athmane Tartag, dit Bachir. J'avais déjà indiqué dans un article daté de décembre 2013 que les autorités britanniques, américaines et norvégiennes (leurs services de sécurité tout particulièrement) avaient considéré que cette opération était un échec patent des services de sécurité algériens et que, s'ils n'avaient pas été en mesure de détecter le groupe terroriste tout le long de son périple, c'est que ces services étaient incompétents, à moins qu'il n'y ait eu - ce qui est encore plus grave - complicité. D'autre part, ces mêmes autorités étaient furieuses - et l'ont fait savoir - de la manière dont avait été mené l'assaut des forces spéciales. Elles avaient considéré cet assaut comme étant un massacre.

Souvenez-vous que moins de 15 jours après, le Premier ministre britannique, David Cameron en personne, flanqué du patron du MI6 était venu demander des comptes aux Algériens. Que 38 Occidentaux aient été tués lors de cet assaut, était tout simplement impardonnable. Seconde conclusion à laquelle étaient arrivés Britanniques et Américains, c'est que le DRS n'était plus en mesure de noyauter et de manipuler les groupes terroristes, puisque c'est le groupe de Mokhtar Belmokhtar, qui était considéré jusque-là comme étant leur homme et qu'ils avaient réussi à "vendre" en tant que tel aux Américains notamment qui avait mené l'attaque de Tiguentourine. A la suite de quoi, ils avaient alors exigé des Algériens que des sanctions exemplaires soient prises contre les hauts responsables du DRS, ce qui fut fait. C'est alors que l'on assista à la première vague de limogeages dans les rangs du DRS, de la gendarmerie et de l'état-major. Athmane Tartag, Abdelmalek Guenaïzia, Rachid Lallali, M'henna Djebbar et Fewzi furent mis à la retraite.

Le Matindz : Est-ce que vous pensez réellement qu'Abdelaziz Bouteflika ait pu décider seul un tel nettoyage au sein de l'armée, comme on nous l'a répété sur tous les tons ?

Les Occidentaux avaient également exigé que soient revues les attributions du DRS, ce qui fut fait en partie notamment par le rattachement de la DCSA à l'état-major. Le seul qui ait échappé alors au limogeage était le général Toufik. Mais il a certainement compris déjà, à cette date-là, qu'il était sous surveillance de la CIA et du MI6 et qu'à la première faute, il passerait à la trappe lui aussi.

Au cours du dernier trimestre de 2013, lors d'accrochages avec des groupes terroristes dans les montagnes proches de la frontière algérienne, l'armée tunisienne avait découvert des salafistes algériens parmi les morts et récupéré sur leurs corps des téléphones portables dont les puces avaient enregistré des communications téléphoniques avec des responsables du DRS. Les Tunisiens avaient communiqué l'information aux Américains qui ont alors exigé un nettoyage encore plus complet dans les méthodes et les rangs du DRS. C'était pour eux la goutte qui a fait déborder le vase. Ils en avaient marre des manipulations du DRS, des manipulations qui allaient à l'encontre de leurs intérêts. Vu l'importance de la Tunisie à leurs yeux, ils ont probablement fait savoir en maintes occasions aux Algériens qu'ils ne devaient pas y toucher (ceci est d'ailleurs valable pour le Maroc également). Le DRS, Toufik et Hassan avaient donc joué avec le feu. Je pense que c'est probablement à cette date, vers janvier/février 2014 que fut prise la décision de limoger Toufik.

Dans un premier temps, c'est un autre général, Abdelkader Ait Ouarabi, dit Hassen qui fut arrêté. Est-ce que vous pensez un instant que Toufik, vu son expérience passée, vu les réseaux qu'il a constitué et contrôlé un quart de siècle durant, vu sa connaissance des techniques de la CIA et les contacts qu'il a de tous temps entretenus avec ses plus hauts responsables, est-ce que vous pensez donc qu'il n'a pas senti, qu'il n'a pas remarqué de changements d'attitude, qu'il n'a pas compris ou qu'on ne lui ait pas dit tout simplement qu'il était temps pour lui de "faire ses bagages"?

Par ailleurs, un tel personnage, vu l'extrême importance du poste qu'il occupait, vu l'énorme responsabilité qui était la sienne, ne peut pas être débarqué en 24 heures. Quant à l'opération elle-même, elle ne peut pas se faire sans qu'il ne le sache, sans qu'il ne soit associé au changement. D'autant plus que, de son côté, il a dû certainement négocier son départ et choisi son remplaçant, car il connaît parfaitement les techniques qui prévalent dans ce genre de milieu, en Algérie tout particulièrement. Gare à celui qui tombe. Il sait que son passé lui vaut le passage au TPI et il a donc cherché à se protéger contre une telle éventualité, en proposant un homme en qui il avait confiance et qui est tout autant que lui candidat au TPI. C'est donc le candidat idéal pour le couvrir. Bachir Tartag couvrira également de nombreux autres, civils et militaires, contre toute action en justice, internationale surtout. C'est pourquoi l'ensemble de l'opération a duré un an et demi, dont une année pour "laver" jusqu'à un certain point le passé rouge de sang de Bachir Tartag, en le nommant conseiller à la présidence. Cette nomination arrange les Américains également qui ont eux aussi couvert de nombreuses actions "tordues" du pouvoir algérien. Il leur faut donc à eux aussi des complices au sein du pouvoir algérien et au DRS tout particulièrement.

Mais l'intervention américaine n'a pas porté que sur les sanctions à prendre contre les hommes. Afin d'éviter tout nouveau dérapage dans le futur, ils ont imposé une nouvelle restructuration du DRS: que celui-ci se consacre au cœur du métier, à savoir l'espionnage et le contre-espionnage, toute autre activité doit soit disparaitre, soit être transférée ailleurs. Pour le moment, on a officiellement transférer à l'état-major toutes les activités qui n'entrent pas dans le cadre espionnage/contre-espionnage. Je suis cependant convaincu que nombre de ces structures vont cesser d'exister ou être éclatées, peut-être à travers les régions militaires.

Enfin pour s'assurer que les "consignes" étaient bien respectées, on a vu le directeur du renseignement américain James R. Clapper venir s'en assurer en personne à Alger au moment même (à 24 heures près) où le général Hassan était arrêté. Sa visite très discrète avait pour but, nous a-t-on dit de rencontrer le ministre des Affaires étrangères ! Pour qui nous prend-on ? Qu'a à voir le patron du renseignement américain avec les Affaires étrangères algériennes ? Il vient à Alger et il ne rencontre ni Toufik (encore en poste à cet instant), ni Tartag, ni Gaïd Salah. Impensable, tout simplement.

Enfin dernière remarque que je vous ferais, c'est que visiblement les Américains ont dû imposer également aux Algériens qu'ils ne permettaient dorénavant aucun impair, aucun nouveau dérapage. Le général Benhadid semble avoir été le premier à faire les frais d'une telle consigne.

Entretien réalisé par Hamid Arab

Hocine Malti, ex-P.D.G de la Sonatrach

Hocine Malti, ex-P.D.G de la Sonatrach

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 10:41

Quelque 300 souscripteurs au logement promotionnel public (LPP) ont tenu un sit-in, hier, devant le siège de la direction générale de l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI). Un mouvement de protestation qui intervient après deux jours d’un rassemblement devant le ministère de l’Habitat.

Par ce mouvement, les souscripteurs à cette nouvelle formule d’octroi de logements manifestent leur colère contre plusieurs points qu’ils considèrent comme une véritable injustice envers l’élite du pays. «Nos principales revendications sont en premier lieu la révision pour la baisse du prix du mètre carré et donc du logement. Alors qu’il ne dépassait pas les 45 000 DA, le prix a été revu à la hausse de 200%. Il est aujourd’hui fixé à 96 000 DA, ce qui risque de rendre insolvables les souscripteurs préretraités et ceux sous contrat CDD.

Nous revendiquons aussi la levée de l’obligation de crédit bancaire avec intérêts et donner la possibilité de payement par échelonnement ou par un crédit sans intérêt. Nous demandons aussi que soient adoptées les mêmes modalités de payement de la formule location-vente AADL, pour les souscripteurs qui ont été dirigés de force vers la formule LPP», explique Fayçal Seraï, chargé de la communication du comité des souscripteurs du LPP. La 3e revendication, pratiquement celle qui a fait réagir tous les souscripteurs à cette formule, est la révision à la hausse du montant du versement de la 2e tranche.

«Contrairement aux engagements formulés auparavant par le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, quant au maintien de la même somme, la 2e tranche a vu son montant doubler, passant de 500 000 DA à un million de dinars. Une somme que personne ne peut payer», indique-t-il. En plus de ces points jugés incompatibles avec les conditions des souscripteurs et contraires aux engagements initiaux de cette formule, les protestataires réclament la publication de la liste officielle de tous les sites du programme LPP, afin de garantir toute la transparence dans l’affectation des logements, la définition des aspects techniques du haut standing annoncé et non défini dans le cahier des charges.

Ils exigent enfin des réponses aux recours de plusieurs postulants et l’agrément pour le collectif, dont la demande est restée lettre morte à ce jour. Brandissant des banderoles et réclamant passivement une audience avec le directeur général de l’ENPI, Mohamed Belhadi, les protestataires ne cessaient de crier à l’injustice. Le porte-parole du collectif et deux autres représentants, qui ont usé de leur tact pour être reçus par le DG de l’ENPI, sont revenus bredouilles. L’unique information qu’ils ont pu obtenir est que le DG ne les recevra pas, mais préfère leur répondre via la presse télévisée.

Un geste considéré comme du mépris pour tous les cadres et responsables que représentent les souscripteurs protestataires. Il leur a été demandé de quitter les lieux pour nuisance au voisinage (ils étaient très calmes et le sit-in était digne de l’élite du pays) et de désigner quatre représentants qui se présenteront lundi prochain pour une éventuelle audience avec le DG de l’ENPI. Même si elle acceptait très mal ces gestes méprisants, la foule n’a pas tardé à se disperser en promettant de boycotter le versement de la 2e tranche et de tenir un nouveau sit-in, mercredi prochain, si leurs représentant ne seraient pas reçus lundi. 

Colère des souscripteurs

Colère des souscripteurs

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 10:41

Madani Mezrag menace l’Etat et son chef sur un plateau de télé et étrangement, c’est la chaîne El Watan TV qui est poursuivie en justice. Le ministre de la Communication, Hamid Grine, porte plainte contre la chaîne de télévision via laquelle l’ancien chef terroriste, Madani Mezrag, a tenu des propos contre le président Abdelaziz Bouteflika le menaçant de «lui faire entendre ce qu’il n’a jamais entendu jusqu’alors».

Le ministère de la Communication a décidé de porter plainte contre la chaîne El Watan TV pour avoir diffusé des propos d’un invité qui a «porté atteinte aux symboles de l’Etat et de la République», a déclaré hier M. Grine au cours du forum du quotidien gouvernemental El Moudjahid. Et pendant ce temps, l’ancien chef de l’organisation terroriste, Armée islamique du salut (AIS), responsable des propos jugés «attentatoires au symboles de l’Etat» n’a ni été rappelé à l’ordre ni poursuivi en justice.

Le gouvernement, auquel appartient Hamid Grine, est visiblement de plus en plus embarrassé par le cas «Mezrag». Sinon comment attaquer la chaîne de télévision et ne pas poursuivre son invité du jour qui «bombe le torse» contre M. Bouteflika ? Et surtout sur quelle base juridique se fonde le ministre de la Com’ pour traîner devant les tribunaux une télévision ? Cette nouvelle affaire révèle une fois de plus le caractère politique dans l’application de la loi.

Le ministre de la Communication, qui évite soigneusement de s’attirer les foudres d’un Madani Mezrag de plus en plus «menaçant» depuis quelques semaines, se cache derrière le statut «informel» de la chaîne de télévision. «C’est une chaîne qui travaille de manière informelle et illicite, et je pèse mes mots», s’est-il justifié. Il est vrai que la quasi majorité des chaînes de télévision privées et qui sont du droit étranger exercent en Algérie sans accréditation et cela le ministre de la Communication ne l’ignore pas. Il a laissé faire l’informel télévisuel.

Il avait même déclaré au lendemain de sa nomination que «ces chaînes travaillent sans accréditation mais on les laisse faire tant qu’elles ne dépassent pas les lignes rouges». C’était au forum de Liberté Il a donc assumé une situation de non-droit alors qu’un membre du gouvernement est censé faire appliquer la loi. La logique voudrait que si délai il y a, c’est à Madani Mezrag de répondre devant un tribunal et non pas à la chaîne intervieweuse.

Car du point de vue de la loi, l’ex-chef de l’AIS n’est pas frappé d’interdiction de s’exprimer publiquement. Et si en effet le chef de l’Etat a levé l’équivoque dans un récent message sur l’interdiction faite à l’ancien chef terroriste de créer un parti politique, il n’en demeure pas moins que les autorités politiques entretiennent une ambiguïté déconcertante. Il a été autorisé à tenir un congrès clandestin dans un maquis, reçu à la présidence de la République en qualité de «personnalité nationale» pour donner son avis sur le projet de la révision de la Constitution. La justice doit, et de manière formelle, dire et trancher de manière définitive, si Madani Mezrag, ancien chef d’un groupe terroriste repenti, a le droit de faire de la politique ou non.

A-t-il le droit de s’exprimer publiquement sur les médias ou non ? Il suffit pourtant d’appliquer strictement une des dispositions de la charte de la réconciliation nationale qui stipule dans son article 26 que «l’exercice de l’activité politique est interdit, sous quelque forme que ce soit, pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale». Mezrag est directement concerné par cette disposition. Et les juristes sont unanimes à affirmer que «l’amnistie n’est pas synonyme de réhabilitation».

Mais vu que Madani Mezrag a été jusqu’ici utilisé par les décideurs comme carte politique et au gré des conjonctures, tantôt comme preuve de succès de la politique de réconciliation nationale et tantôt comme «chiffon rouge» agité contre la demande démocratique, l’ex-chef terroriste finit, dans la plupart des cas, par retourner la situation en sa faveur, en se jouant des faille du système et de ses ambiguïtés, voire de ses contradictions. C’est là que réside le fond du problème, et traîner devant les tribunaux une chaîne de télévision n’est guère une solution. 

Hamid Grine, le ministre de la communication

Hamid Grine, le ministre de la communication

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 10:40
Isaad Rabrab, patron de Cevital

Isaad Rabrab, patron de Cevital

La polémique enfle sur ce qui s’apparente à une affaire Rebrab. Le patron de Cevital accuse le pouvoir de vouloir le mettre en prison afin de le «faire taire». Les autorités ont réagi sans tarder à la déclaration de l’homme d’affaires à succès et un démenti sur l’existence d’un mandat d’arrêt contre lui a été publié. La confusion demeure totale.

Le conflit qui oppose l’homme d’affaires Issad Rebrab au pouvoir prend de nouvelles proportions. Le patron de Cevital accuse publiquement les autorités de vouloir l’arrêter pour le «faire taire». Après avoir mis en cause notamment le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mais surtout le ministre de l’Industrie, de bloquer ses projets, il est revenu depuis deux jours pour accuser les autorités de vouloir le mettre en prison. Tout a commencé dans une interview accordée au site TSA.

Le patron de Cevital a déclaré, entre autres : «On cherche à me faire taire. Mais je ne vais pas me taire. Au lieu de prendre conscience de la gravité des choses, ils agissent ainsi.» La déclaration de M. Rebrab crée, dans le pays, une onde de choc. Le gouvernement, acculé, s’est senti dans l’obligation de répondre. Après s’être exprimé dans un premier temps sous le couvert de l’anonymat, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a démenti «l’existence d’un mandat d’arrêt» contre Issad Rebrab. «A ma connaissance, il n’existe aucune plainte et je prends pour acquis qu’il n’y a aucun mandat d’arrêt contre l’homme d’affaires Issad Rebrab», a indiqué le ministre de la Communication.

Mais quelques lignes plus loin, Hamid Grine lâche une phrase énigmatique. Comparant l’affaire de Cevital à celle de la chaîne de télévision privée El Watan TV (à ne pas confondre avec notre journal), le ministre indique, selon ses propos rapportés par l’APS, que «ce qui s’appliquera à la chaîne TV, qui sera poursuivie en justice, le sera aussi à l’homme d’affaires étant donné qu’il est tout autant responsable de ce qu’il a dit». «S’il y a délit, M. Rebrab répondra de cela devant la justice», a-t-il ajouté.

Contacté par elwatan.com, Issad Rebrab, qui accuse Abdelmalek Sellal d’avoir saisi les services français de lutte contre le trafic financier, répond depuis le Brésil où il est en mission : «Ces gens-là n’ont pas besoin d’un mandat pour m’arrêter. J’ai eu des informations de source sûre qu’ils vont m’arrêter dès que je rentrerai en Algérie pour me faire taire.» Pis, au directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, qui assure que «l’homme d’affaires ne risque rien», Rebrab enfonce un peu plus le clou. «J’ai énormément de respect pour le général Hamel.

Malheureusement, tout le monde sait que les véritables responsables sont le président de la République et le chef d’état-major Gaïd Salah», indique le patron de la plus grande entreprise privée algérienne sur TSA. En déplacement à Laghouat, le DGSN avait précisé qu’«aucune action n’a été intentée à l’encontre de l’homme d’affaires Issad Rebrab». Le DGSN a ajouté que Rebrab a «le droit, comme tout citoyen, d’agir en toute liberté».

Forcé à l’exil ?

L’affaire prend des proportions inattendues. Nous apprenons que des travailleurs du complexe agroalimentaire de Béjaïa, qui emploie plus de 3000 salariés, menacent de sortir dans la rue pour dénoncer «l’acharnement» qu’exercent les autorités politiques sur leur patron. Il y a quelques jours, le patron de Cevital avait accusé les autorités, dont le ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb, de bloquer ses investissements.

Il reproche aux autorités leur double langage : «On va jamais avancer avec ces gens-là.» La réponse du ministre de l’Industrie a été violente, il reproche au patron de Cevital de vouloir «importer des pièces usagées» pour son usine d’électroménager de Sétif. «Bouchouareb est un menteur», réplique Issad Rebrab, qui invite le ministre et les journalistes à aller «constater» sur place, à Sétif, que les équipements acquis sont «ultramodernes».

L’affaire qui oppose l’homme d’affaires aux autorités risque donc de connaître de nouveaux rebondissements. Surtout que dans la crainte d’une arrestation, Issad Rebrab, qui possède des investissements en Italie, en France, au Maroc et au Brésil, a indiqué qu’il ne rentrera pas de sitôt au pays. Sera-t-il forcé à l’exil ?

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 10:36

Promulgués par ordonnance au mois de juillet dernier, les amendements apportés au code de procédure pénale ne semblent pas faire l’unanimité parmi les avocats qui, tout en reconnaissant l’importance de certaines dispositions introduites, restent sceptiques quant à leur application sur le terrain. Certains d’entre eux vont jusqu’à évoquer un recul. Des critiques qui auraient pu être évitées si ces amendements avaient fait l’objet d’un débat.

Les nouveaux amendements au code de procédure pénale ne semblent pas emballer les avocats. Certains se déclament «décus», d’autres expriment leur «inquiétude» face à ce qu’ils qualifient de «recul». Maître Djamel Belloula ne semble pas convaincu : «J’espère que les nouvelles dispostions ne resteront pas lettre morte, comme ce fut le cas avec celles qui ont été amendées. Celles-ci faisaient de la détention provisoire une exception, alors que la réalité est toute autre.

Nous avons toujours demandé à ce que la détention provisoire ne soit pas distribuée comme des cartes par les juges. Mais nous parlions à un mur.» Pour étayer ses propos, Me Belloula cite le cas de l’ancien PDG de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN), Ali Boumbar, qui avait été placé en détention provisoire en 2012 :«Comme il était poursuivi pour un délit, cette détention ne pouvait excéder les 8 mois. Mais à la veille de l’expiration de ce délai, il a fait l’objet d’une autre inculpation, ‘association de malfaiteurs’, faisant basculer les charges retenues contre lui, de la correctionnelle à la criminelle. Le 20 novembre 2014, le juge a ordonné le non-lieu pour cette accusation, mais à ce jour, il n’a pas quitté la prison. Les 15 demandes de mise en liberté ont été toutes rejetées.

Au regard de la loi, cela fait 40 mois que le prévenu fait l’objet d’une détention illégale.» Sur le terrain, ajoute l’avocat, la réalité est toute autre. «Au delà de la forme, il y a un grave problème de mentalité sur lequel il faudra se pencher sérieusement.» Me Belloula plaide pour un large débat parce que «les annonces ponctelles applaudits n’ont jamais été suivies d’application sur le terrain». il constate un «recul considérable» et met en garde contre les conséquences en disant : «Personne n’est à l’abri des dérives. C’est dans l’intérêt de tous que les choses doivent changer. Si les textes ne sont pas bons et que la volonté d’y faire face est bonne, cela ne posera pas de problème. Le magistrat fera tout pour trouver les moyens d’éviter les situations de non-droit. Cependant, dans le cas où les mentalités ne sont pas de bonne foi, quelles ques soient les lois qui seront promulguées, il y aura toujours des dérives.»

Abondant dans le même sens, maître Tayeb Belarif qualifie d’emblée les discours sur le renforcement des droits de la défense d’«écran de fumée qui cache mal le désarroi du mauvais élève pris en flagrant délit de tricherie». Pour lui, les nouveaux amendements apportés au code de procédure pénale «cachent mal les intentions de leurs auteurs de restreindre davantage le peu de droits restant encore à la défense, sous couvert de prétendus assouplissements». A en croire l’avocat, «il est difficile de mettre à nu tous les mécanismes mis en œuvre pour renforcer l’arbitraire judiciaire et policier en quelques mots».

Cependant, il revient sur plusieurs aspects, en commencant par les dispositions relatives à l’action pénale contre les gestionnaires d’entreprises publiques. Il relève que cet amendement, qui stipule que la poursuite ne peut être mise en mouvement que suite à une plainte des organes sociaux de l’entreprise, peut sembler une avancée par rapport aux règles procédurales antérieures. Cependant, une lecture un tant soit peu attentive de l’article 6 bis introduit par l’ordonnance 15-02 va vite réduire à néant l’illusion suscitée par le discours politique. Cet article introduit trois paramètres qui, en dernière analyse, renforcent la mainmise du pouvoir exécutif sur la gestion de l’économie. En premier lieu, l’article 6 bis étend le périmètre légal de la notion d’entreprise publique.

L’entreprise publique n’est plus celle dans laquelle l’Etat détient directement ou indirectement la majorité du capital, mais également toute entreprise «mixte», l’entreprise mixte étant, par définition, celle dans laquelle le capital est constitué par un mix de capital public et privé (étranger), quelle que soit la proportion de ces capitaux. Cela signifie, au sens de l’article 6 bis, que les entreprise dans lesquelles l’Etat détient directement ou indirectement des participations minoritaires seront considérées en droit judiciaire comme des entreprises publiques et leurs gestionnaires comme des agents publics tels que définis par la loi 06-01.

«La médiation est une porte ouverte à toutes les dérives»

En deuxième lieu, souligne Me Belarif, «l’article 6 bis introduit une nouvelle formulation des infractions susceptibles de donner lieu à la poursuite des gestionnaires : le détournement, la détérioration ou la perte de deniers publics ou privés, sur la base d’une plainte préalable des organes sociaux de l’entreprise prévus par le code de commerce et la législation en vigueur. Sans discuter de la pertinence des infractions économiques, notamment telles que définies par la loi 06-01, la notion de ‘perte de deniers’ risque fort de donner lieu à une interprétation extensive qui inclurait les pertes d’exploitation, qui sont un risque naturel de toute entreprise commerciale».

Me Belarif précise par ailleurs que l’article 6 bis dispose, in fine : «La non-dénonciation de faits à caractère délictueux expose les membres des organes sociaux de l’entreprise aux peines édictées par la législation en vigueur.» «Cette disposition transformera, sans l’ombre d’un doute, les conseils d’administration, les conseils de surveillance, les directeurs généraux et les commissaires aux comptes en véritables freins à toute initiative. Aucun directeur général ne prendra seul la moindre décision, aucun administrateur, aucun membre d’un conseil de surveillance n’acceptera de valider la moindre proposition, aucun commissaire aux comptes n’acceptera de certifier la régularité des comptes sans que tous les niveaux de censure ne soient exprimés.

Voilà le projet économique du pouvoir exécutif. Il est vrai qu’on ne délègue que ce qu’on sait faire.» En clair, l’avocat estime que l’ordonnance 15-02 a introduit dans le code de procédure pénale des mécanismes nouveaux «dont le danger n’a pas encore été révélé par les praticiens du droit. Il s’agit du témoignage et de l’expertise sous X et de la médiation pénale. Si le témoignage est un mode de preuve, l’expertise ne l’est pas. L’expertise est un moyen d’éclairage technique du juge sur les procédés utilisés pour commettre une infraction, sur son étendue ou sur les conséquences qui en résultent ou pourraient en résulter.

Les conclusions d’une expertise sont discutables et doivent pouvoir être discutées, voire contestées tant sur le plan méthodologique que sur le plan opérationnelle. Pour constituer un éclairage suffisant, elles doivent supporter la confrontation. Il est difficile pour un inculpé de discuter une expertise dont il ne comnaît pas l’auteur ni ses qualifications, son degré d’indépendance et son niveau de probité morale. L’expertise sous X cache mal l’intention d’utiliser, dans certains cas ; ce procédé pour confectionner des preuves contre certains inculpés dans certaines affaires. Elle est, en tout cas, contraires aux principes élémentaires du droit pénal.

Si le témoignage sous X a été admis dans certains systèmes judiciaires, il n’en demeure pas moins très contestable et largement contesté. Devant la très forte contestation de ce mode de preuve, les législateurs l’ont fortement encadré, à tel point qu’il reste aujourd’hui tellement exceptionnel qu’il est devenu une possibilité virtuelle». Me Belarif affirme qu’en Algérie, ce procédé «rappelle la tragique période des ‘bouchkara’ (témoins encagoul»s) qui fait craindre les dérives les plus angoissantes». Pour ce qui est de la médiation, elle n’est rien d’autre, note Me Belarif, qu’«une transaction pénale.

Si par exception à la règle, la transaction est admise pour certaines infractions telles que les infractions fiscales et douanières avant la mise en mouvement de l’action publique, le principe demeure que nul ne peut transiger sur l’ordre public. Le prétexte de soulager les tribunaux de certaines affaires ne doit pas servir d’alibi pour dispenser certains clients du système des conséquences pénales de leurs actes. La médiation, telle qu’organisée par l’ordonnance 15-02, est une porte ouverte à toutes les dérives. Elle doit être restreinte à certaines infractions qui ne concernent que les relations privées entre justiciables, tels que les troubles de voisinage, les rixes sans préjudice corporel, la calomnie, la diffamation, le non-paiement de pension alimentaire, l’émission de chèque sans provision, par exemple».

En conclusion, Me Belarif signale une autre disposition qui, d’après lui, peut s’avérer «dangereuse» pour l’exercice des droits de la défense. Il s’agit du délai de dépôt du mémoire en cassation, fixé à deux mois à compter de l’enregistrement de la déclaration de pourvoi. Le condamné dispose d’un délai de huit jours pour déclarer son pourvoi en cassation et le délai de deux mois court à partir de la date de déclaration du pourvoi. «Or, dans certains dossiers, notamment les dossiers économiques, il s’écoule souvent plusieurs semaines, voire des mois, avant que le jugement ou l’arrêt ne soit rédigé et accessible aux conseils. Comment pourront-ils développer les moyens de cassation si le délai qui leur est légalement accordé est consommé par le temps perdu pour accéder à la décision dont pourvoi ?»

Me Aït Larbi n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère au sujet des nouveaux amendements, notamment ceux consacrés à la dépénalisation des actes de gestion : «La plainte est déposée par un des membres des organes sociaux, lequel, s’il ne dénonce pas, risque lui aussi une poursuite. Nous ne sommes pas sortis de l’auberge !» Pour ce qui est de la garde à vue et du droit du suspect à parler avec un avocat durant 30 minutes, Me Aït Larbi se pose plusieurs questions : «A quel moment ces 30 minutes sont utilisées, dés le début de l’interrogatoire, au milieu ou une fois qu’il est achevé ?

Et si le suspect n’a pas le numéro d’un avocat qui va l’aider ? C’est le flou total. Nous aurions espéré que les tableaux des avocats soient affichés, par exemple, dans les commissariats et les brigades de gendarmerie, afin que les suspects puissent choisir leur défense sur place.» Me Aït Larbi se demande pourquoi les auteurs de l’amendement n’ont pas pris en compte les préoccupations exprimées par les praticiens du droit pénal en matière de procès criminels. «Nous pensions que cette réforme allait toucher les jurés, dont le nombre devrait être plus important ou à la limite les remplacer par des magistrats professionnels, mais cela n’a pas été le cas.

Nous nous attendions à ce que cette réforme prévoie une cour d’appel en criminel, afin de permettre une révision de la décision du tribunal, mais cela n’a pas été le cas. Mieux, en matière de flagrant délit, est-ce qu’aujourd’hui, le suspect a le droit de se fait assister par un avocat ? L’amendement n’est pas clair.» Rejoignant ses confrères, Me Aït Larbi pense lui aussi que le texte aurait dû faire l’objet d’un large débat «afin d’être enrichi». 

S. Tlemçani

La justice algérienne n'est pas toujours performante

La justice algérienne n'est pas toujours performante

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 10:20

Un général est arrêté, tenu dans le secret et séparé de sa famille, en grande crainte pour l’être cher. Arrêté par une armada de forces de l’ordre, l’humiliation publique se rajoute au désarroi de la privation soudaine de liberté. Dans ces moments, le démocrate fait cas de l’homme, il se doit d’ignorer le général. Mais que c’est dur !

Nous serions en droit de répondre que les loups se dévorent toujours entre eux et que cela n’est que l’inéluctable conséquence du choix des individus en question. Nous pourrions rétorquer, avec une pincée d’ironie, que le général n’a aucune crainte à avoir envers la justice de son pays puisqu’il a voué son existence à nous convaincre de son impartialité, y compris par une pédagogie des plus musclées. N’a-t-il pas fait partie de ceux qui ont violemment réprimé ceux qui manifestaient leur doute quant à la démocratie et la justice ?

Il est donc le mieux placé au monde pour se persuader qu’il va se justifier et se défendre devant des démocrates, patriotes et républicains dans l’âme. Ce serait étonnant qu’il ne bénéficie pas de la protection du droit algérien, prolixe en textes et en défenseurs zélés. Il n’a rien à craindre et peut y faire face avec sérénité, il le sait puisqu’il n’a cessé de le répéter à ceux qui avaient l’imprudence d’exprimer une opinion contraire.

C’est que les démocrates ne répondent jamais à la barbarie d’Etat par la même barbarie d’Etat. Nous voulons leur montrer que nous sommes bien au-dessus du sentiment que pourraient laisser croire nos articles répétés et rédigés avec une rancœur certaine. Nous considérons que cet homme est présumé innocent tant que les preuves ne sont pas matériellement apportées et qu’elles soient de nature suffisamment graves du point de vue du droit et de la défense de l’Etat. Mais, lui, a choisi et défendu un système judiciaire à l’opposé de nos souhaits.

Nous ne ressemblons pas à nos adversaires car, en ce moment précis, nous sommes capables d’exprimer une humanité envers une famille qui souffre de l’emprisonnement d’un des leurs. Quelle que soit notre violente accusation, nous sommes pour un état de droit, y compris pour ceux qui l’ont toujours bafoué d’une des plus sanglantes manières. Mais, hélas pour lui, ses petits camarades sont loin de partager cette opinion.

Ce fonctionnaire à la retraite doit pouvoir se défendre contre ses détracteurs, dossiers ouverts, journalistes et avocats présents, dans une procédure des plus normales. La presse nationale doit, dans cette affaire, avoir la plus grande des latitudes pour investiguer, comprendre et conclure, sans se substituer à la justice. Les procédures doivent être légales, comprises et l’accusation étayée par les preuves les plus solides. J’ai bien crainte que les choses ne soient autrement et que, déjà, le secret, l’opacité et le silence soient encore au rendez-vous. Nous sommes d’incorrigibles rêveurs, ses amis, eux, sont plutôt dans le registre du cauchemar.

Le droit et la justice ne font pas cas des liens de sang s’ils n’ont pas un rapport solidaire dans l’acte incriminé. Si ce que l’on raconte de son fils est en rapport avec l’acte d’accusation, qu’il en soit alors ainsi, sinon, les individus sont seulement responsables de leurs propres actes. Est-il coupable ou non de trahison d’Etat, comment et par quelles preuves ? Il est, hélas, difficile de penser que ses accusateurs aient la même lecture du droit que nous, celle-là même qu’il nous a dénié la liberté d’exprimer et de mettre en œuvre, du temps où il fut un fier général en exercice.

Nous sommes des humanistes et des démocrates, pas question pour nous de hurler avec les loups. Nous ne nous réjouissons du malheur de personne, quelle que soit la très lourde responsabilité des accusés. Un homme est privé de sa liberté, c’est pour nous la plus grave des sanctions, avant même de nous demander qui est cette personne. Nous ne sommes ni naïfs, ni complaisants, mais refusons la loi de la vengeance gratuite. Cet homme doit revenir dans la lumière de sa liberté d’expression et se défendre, dignement. Mais je crains que les ténèbres soient plutôt du goût de ses camarades de corporation militaire.

Nous sommes dans l’humain et comprenons la douleur immense des proches, quelle que soit notre profonde conviction. Nous aurions aimé, en retour, qu’elle comprît, en son temps, que son rang, sa protection et son niveau de vie étaient bâtis sur le sang et les larmes des autres. Le démocrate doit prendre sur lui-même et taire sa terrible envie de crier à ces êtres qui sont si fragiles, dans le moment actuel, leur lourde responsabilité solidaire et coupable. En revanche, il est à craindre que les seuls cris que connaissent les généraux, dont il porte le titre, sont ceux qu’ils font subir aux autres, dans la torture et la barbarie.

Nous, nous ne réclamons aucune loi du Talion et aucune guerre entre les loups. Nous attendons sereinement le jour où les comptes seront réglés par le droit et par la lourde sanction de la conscience historique. Ce jour-là, nous aurons la tête haute d’exiger que les choses se passent dans la dignité des Hommes, et non dans celle des barbares.

C’est pour cela que c’est vraiment dur d’être démocrate !

S.L Boumédiene

Bouteflika et son clan refont les ficelles du sérail

Bouteflika et son clan refont les ficelles du sérail

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 10:19

Quel beau spectacle que celui de voir la famille révolutionnaire s’étriper et mettre à nu la faiblesse de ces faiseurs de rois que l’on croyait hors d’atteinte !

Des décennies durant on nous présentait ces généraux, à leur tête ce fameux "âmmou Toufik" maître es-dribles, comme une force immuable sur lequel le système repose et que rien ni personne ne peut en ébranler l’édifice ! Les derniers événements liés à Hassan et à Hocine démontrent que tout ce système fonctionne comme une rangée de dominos dont il suffit de faire pencher la première pour que toute la série s’écroule de façon inéluctable.

Pourtant dès son arrivée au pouvoir, Bouteflika avait annoncé la couleur d'une vengeance impitoyable contre ces généraux janviéristes anti-islamistes, lesquels, d'après lui, n'étaient que de petits caporaux, quand lui, le grand Abdelkader el-Mali, était commandant......dans l'armée des frontières! Une vengeance qui s'annonçait cruelle quand ce 3/4 d'un demi président avait osé postuler " Je me sens plus proche des islamistes que des démocrates", et qu’il faisait entendre que l’armée était bel et bien impliquée dans les massacres de la décennie noire, notamment, l’assassinat des moines de Tibhirine, à propos duquel, le petit hâbleur répondit à une question d’un journaliste «toute vérité n’est pas bonne à dire à chaud». C'était à ce moment-là qu'il fallait agir "son" Général" ! Mais nous l'avons bien compris maintenant, Madani Mezrag vous faisait trop peur, à l’époque ! Il vous fait encore peur 20 ans plus tard! La preuve, il se permet des «djam3iâtes» d'été dans la forêt avec les animaux, au vu et au su de tous, sans que personne n’ose lever le petit doigt ! Et cette vérité, énoncée à froid (bien que 15 ans plus tard ça ressemble plutôt à du surgelé) avec ces arrestations tous azimuts, au détriment des lois les plus élémentaires de procédures, sonne comme l’ultime cri de victoire d’un homme, d’un clan, dont l’objectif unique est de soumettre toute la société civile et militaire à leurs délires ! Après le mépris affiché envers le FLN, réduit à vibrer aux rythmes d’un petit "chetah" drebki, c’est au tour des Généraux, ceux-là même qui lui avaient préféré un autre membre de la famille révolutionnaire (lui qui considère l’Algérie comme un simple bien hérité de Boumediene, le propriétaire originel du pays) de payer leur part de trahison envers sa majesté ! Comment peut-il avoir oublié cette image singulière du militaire venu remettre aux congressistes du FLN une enveloppe contenant le choix du groupe de l’ENITA pour prendre en main notre destinée, en la personne de Chadli, cet apprenti pilote auquel on a confié le Boeing Algérie, toujours selon aek el mali ?

Chah fikoum ya les généraux! C'est plus facile de tuer du peuple et d’emprisonner des innocents que de défendre les vôtres face à une bande d'aventuriers sans scrupules! Tout cela est pathétique mais ça a, au moins, le mérite de donner, en temps réel, l'image d'un pouvoir de petites mauviettes, au sens intellectuel, incapables du moindre iota de discernement pour voir en Bouteflika un homme mû par l'unique volonté de transformer le pays en Afghanistan du Maghreb.

Ressaisissez-vous donc nobles hadharats ! Vite, un Atatürk, si tant est qu’il en existe encore dans vos rangs, pour dompter ce petit clan d’Oujda et sauver le pays !
En 15 ans, Atatürk a fait rentrer la Turquie dans le monde civilisé !
En 15 ans, Bouteflika a enfoncé l'Algérie dans un monde des ténèbres duquel, sauf miracle, il est impossible de s'échapper ! Madani Mezrag est là pour le confirmer !

Mais comment peut-on oser rêver d’un scénario Atatürk, quand dans tous les pays musulmans la soumission semble être un besoin vital et que l’on invente toutes sortes de prophètes pour se donner l’illusion de grandeur lié à un simple rapprochement avec le créateur ? En Algérie, c'est suivant ce même cheminement que le pouvoir se tisse : Les généraux, en mal de soumission, nous imposent des présidents et exigent de nous une obédience sans faille à toutes sortes de délires ! Souvenez-vous de ces premiers moments d’écarts, indignes d’un président de la république, pendant lesquels, pour se donner l’illusion d’être un «argaz» du terroir, Bouteflika avait osé humilier un professeur d’université en portant la main à son collet pour le malmener comme un vulgaire malfrat !

Au-delà de ces premiers égarements qui en disaient déjà long sur la vilénie du personnage, cette «imposture algérienne» qui a valu 2 années de tôle à Benchicou pour avoir été le premier à le formuler, Bouteflika aurait dû être débarqué dès qu'il avait osé toucher à la constitution moderne de Zeroual. Mais comment s'opposer à quelqu'un que l'on a intronisé si on n'a pas les c....qu'il faut pour ce faire?

À cet égard, ces affaires débusquent la faiblesse des militaires gradés bien plus qu'autre chose. Quant à l'homme de troupe, il attendra les ordres pour tuer du peuple et se sentir enfin Homme ! Quelle équation inhumaine bonté divine! Et cela dure depuis 1962.

De toutes évidences, Bouteflika est inconscient de tout ce tintamarre qui se déroule autour de lui et en son nom. Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour subodorer que seul cet ambitieux de Saïd, le petit frangin, en est l’unique source et le barycentre. À tel dessein destructeur, il faut reconnaitre qu’il cogne encore plus fort que son frère !

Si le grade de général avait encore une valeur universelle, Saïd Bouteflika devrait être immédiatement mis aux arrêts, à défaut d’être pendu haut et court (politiquement s’entend, nous ne sommes pas barbares pour souhaiter tel châtiment physique), pour avoir indûment occupé la place de son frère Abdelaziz depuis plus de 4 ans maintenant et réussi à foutre la zizanie même au sein de l'armée!

À défaut de respecter le petit peuple, l'éternel hors jeu de son propre destin, honorez donc vos galons hadharats ! Le clan Bouteflika se donne comme objectif de ruiner le pays! Ne pas s'y opposer, c'est accepter d'en être complice devant l'éternité.

K. Madani

Abdelazziz Bouteflika

Abdelazziz Bouteflika

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