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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 10:15
Marché parallèle des devises : La monnaie chinoise s’invite au Square

Cédé par les cambistes contre 25,5 DA à la vente et 23 DA à l’achat, le cours officiel culmine à un peu plus de 16 DA pour 1 yuan sur le marché interbancaire des changes.

La monnaie chinoise a fait son entrée à la «Bourse» du square Port Saïd. Le yuan est désormais échangé contre 25,5 DA à la vente et 23 DA à l’achat. Depuis peu, l’actualité du partenariat sino-algérien a été riche en événements ; obligation faite aux banques de régler les transactions commerciales en yuan, financement par des banques chinoises d’un projet d’équipement (nouveau port du Centre)…, le marché parallèle de change tente de s’y adapter, mettant à la disposition des Algériens une offre alternative aux devises des banques.

Cédé par les cambistes contre 25,5 DA à la vente et 23 DA à l’achat, le cours officiel culmine à un peu plus de 16 DA pour 1 yuan sur le marché interbancaire des changes. Les cambistes du square Port Saïd pensent en tout cas opportun de suivre la tendance du marché officiel, tant le rapprochement des deux pays, du moins au chapitre du commerce extérieur, offre une opportunité de fructifier les gains.

L’arrivée du yuan tant sur le marché bancaire que sur le marché parallèle pourrait modifier en profondeur le comportement des demandeurs parmi la communauté d’affaires, soucieuse depuis peu de réduire les risques de change et les effets de la dépréciation de la monnaie nationale. La Banque d’Algérie a donné le la. Dans une note adressée récemment aux banquiers de la place, la plus haute autorité monétaire les a invités au règlement exclusivement en yuan des importations en provenance de Chine. Les autorités monétaires partent évidemment sur un objectif : réduire le risque de change pour les importateurs nationaux.

Ceux qui investissent sur l’axe Pékin-Alger pèsent pour 14% dans le long fichier des importateurs algériens. L’Empire du Milieu figure au palmarès des plus grands fournisseurs de l’Algérie avec, au tableau, environ 8 milliards de dollars d’échanges commerciaux durant les neuf premiers mois de l’exercice précédent. La Chine occupe ainsi le point culminant de la pyramide. Le recours au yuan comme monnaie d’échange devrait limiter les dégâts d’un dollar en forme et d’un dinar qui perd et qui inquiète. Une bouffée d’oxygène pour les importateurs. Voire une valeur presque sûre face aux fluctuations, tant l’Etat chinois s’investit pour que sa monnaie ne soit surévaluée.

Pour la communauté d’affaires algérienne, il y a donc un avantage comparatif à mettre à profit. Sur le marché parallèle de change, on parle déjà d’un yuan compétitif et d’une demande qui va crescendo. On peut, du reste, comprendre l’origine et la destination des yuans échangés sur le marché. Pour Souhil Meddah, expert financier, contacté par El Watan, l’origine des fonds provient surtout des commerçants investis dans le métier de l’import, essentiellement depuis la Chine. «Une partie des montants utilisés dans le règlement des transactions avec leurs fournisseurs chinois est injectée dans le marché parallèle. Ces commerçants sont aussi acteurs de la demande», estime-t-il.

Laquelle demande, d’après lui, croîtrait davantage sous l’effet de la hausse des cours des autres devises (dollar et euro), mais aussi de leur rareté sur le marché. Dans les faits, on peut comprendre ainsi que la monnaie chinoise rejoint nos circuits financiers aussi bien visibles qu’officieux.
Et cela «n’est qu’un début, car une fois endettés envers la Chine, le phénomène va s’accentuer, mais aura de bonnes répercussions sur le marché parallèle en baissant la pression sur l’euro et le dollar qui va en partie enrayer leur hausse exponentielle en leur retirant le marché», estime pour sa part Ferhat Aït Ali, également expert financier.

Dans l’euphorie générale des banquiers et des cambistes, certains analystes tentent de marquer une halte, refusant de perdre de vue les risques de vulnérabilité que présente l’économie chinoise. Aux yeux de certains, le risque, à moyen et à long termes, dépendra du niveau des réserves en yuan qu’entend constituer la Banque d’Algérie, mettant en garde contre une monnaie qui pourrait se déprécier à tout moment, en considération d’une série de contre-performances de l’économie chinoise.

Ferhat Aït Ali montre une inquiétude d’un autre genre : «Les importateurs ont trouvé une combine avec leurs fournisseurs chinois qui leur permettent de payer une partie des produits sur facture et l’autre en sous-facturation, et de ce fait, avec des devises achetées au noir. Cette technique permet de payer moins de droits de douanes, moins de TVA et moins de frais d’assurance et de credoc. En plus, cela permet une minoration fiscale à hauteur du montant éludé dans les achats.» Ainsi, il est si difficile de parier sur la fin des comportements et des fléaux délictuels qui gravitent autour des deux marchés ; ceux de l’importation et des devises.

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