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19 octobre 2015 1 19 /10 /octobre /2015 14:49
La pauvreté avance en Afrique.

La pauvreté avance en Afrique.

Dans une étude datant de 2011, la Banque africaine de développement (BAD) identifiait trois catégories de classe moyenne : une classe vulnérable (floating class) avec une capacité de dépense de 2 à 4 dollars par jour, soit à la limite de la pauvreté et pouvant facilement basculer en cas de crise. Une classe moyenne intermédiaire avec 4 à 10 dollars par jour et une capacité d’épargner et de consommer autre chose que les besoins alimentaires de base. Enfin, une classe moyenne supérieure avec un niveau de dépense entre 10 et 20 dollars par jour et par personne.

En Afrique, ces 30 dernières années ont été marquées par un recul de la pauvreté au bénéfice d’une classe moyenne dont la part dans la population du continent est passée du quart au tiers. En Algérie, la tendance est quasiment similaire. Selon l’étude de la Banque africaine de développement (BAD), la moitié de la population appartient à la classe moyenne vulnérable, soit la plus susceptible de basculer dans la pauvreté en présence «de chocs économiques extérieurs», lit-on dans le document. Dans cette catégorie, la part de la classe moyenne dans la population ne serait plus que de 27%. Autrement dit, près des 2/3 de la classe moyenne en Algérie sont constitués de la classe vulnérable. Mais qui appartient donc à la classe moyenne ?

Selon le profil établi par l’étude, il s’agit d’une catégorie de population vivant majoritairement en zone urbaine, propriétaire de son logement, plus encline à acquérir des biens de consommation durables (voiture, téléphone, équipements ménagers), occupée dans le salariat ou l’entrepreneuriat, le tout au sein de ménages de taille de plus en plus réduite. En Algérie, plus de 50% des 6,2 millions de ménages recensés jusqu’en 2011 possèdent un véhicule.

Plus des deux tiers sont propriétaires de leur logement et habitent en milieu urbain, alors qu’ils étaient 60% en 2000. Le niveau de consommation des ménages a presque triplé entre 2000 et 2010, avec cependant des disparités importantes. Ainsi, les 20% de la population la plus favorisée dépensent près de 5 fois plus que les 20% les moins favorisés. 90% des ménages ont au moins une personne occupée et plus de 40% en ont deux et plus.

Nouveau modèle

Ces quelques données de l’ONS permettent de se faire une petite idée sur l’évolution du niveau de vie des citoyens ces dernières années, sans toutefois donner une idée précise sur la dimension des classes moyennes. Les paramètres de l’inflation mais aussi de la dévaluation du dinar relativisent largement cette évolution.

Dans son étude 2011 sur les dépenses de consommation et l’évolution du niveau de vie des ménages, l’ONS indiquait que la part de la population habitant en milieu urbain augmente avec le niveau de vie. En 2000 quand la dépense mensuelle par tête était de 27000 dinars, moins de 20% de la population habitait dans le milieu urbain. En 2011, quand ce niveau de dépense a doublé, cette part est passée à plus de 25%. Une brève revue des statistiques relatives au parc automobile national permet de mesurer l’évolution ces dernières années.

Entre 2002 et 2013, le parc des véhicules de tourisme a augmenté par plus de 80%. Sa part dans le parc global est passée d’un peu plus de la moitié à près des deux tiers. Les voitures de moins de 5 ans (dont le nombre a été multiplié par 8 en 10 ans) qui représentait à peine 6% du parc de véhicules de tourisme en 2002, en représentaient le quart dix ans plus tard. En matière de dépenses et même si les biens alimentaires accaparent l’essentiel de la consommation, sa part dans la consommation globale a baissé au profit d’autres biens plus durables.

Ainsi, le budget réservé au logement et aux charges qui lui sont rattachées a augmenté de près de 50% entre 2000 et 2011 pour représenter 20% des dépenses. Le budget réservé au transport et aux communications a lui augmenté de près d’un tiers prenant une part de 12% en 2011.En 2000, les postes de dépenses durables (logement, meubles et électroménagers, transport) représentaient 26% des dépenses globales. En 2011, elles représentaient près d’un tiers (35%), témoignage d’une évolution du modèle de consommation qui dépasse désormais les simples besoins élémentaires.

Certaines formules de logements publics reflètent cette classe moyenne subdivisée en sous catégories. Il s’agit particulièrement de la formule AADL réservée aux classes intermédiaires touchant entre 24000 et 108000 da/mois et des logements LPP réservés aux salaires entre 6 et 12 fois la SNMG. Selon l’aveu du ministre de l’Habitat, le LPP répond à la demande d’une «classe moyenne supérieure constituée à 10% de cadres du secteur public, à 15% de cadres dans le privés et professions libérales et à 75% de fonctionnaires».

Ce qui était toutefois valable il y a 3 ans risque de ne plus l’être dans les années prochaines avec les effets attendus de la crise pétrolière. En considérant que 50% de la population fait partie de la catégorie les plus vulnérables de la classe moyenne, ce sont autant de personnes risquant de tomber dans la précarité et la pauvreté dont la part de la population, selon l’étude de la Banque africaine de développement, serait de 21%.

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