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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 09:48

Quarante-sept ans après le meurtre de Mohamed Khider, l’occasion nous est donnée de lui rendre hommage et de rappeler aux Algériens et à la communauté internationale le sacrifice de cet homme qui a combattu pour une cause universelle, celle de la lutte pour le droit donné à tout homme de vivre librement et dignement.

Assassiné le 3 janvier 1967, les commanditaires du crime tenteront de camoufler leur implication, lançant des campagnes de mensonges et de mystification. Afin de couvrir l’évidence du meurtre politique, le gouvernement d’Alger s’acharna à affirmer la thèse d’un règlement de compte lié à une affaire d’argent. L’imposant parcours de Mohamed Khider, son combat incessant pour la liberté, la justice, la démocratie, son opposition ferme à la dictature et surtout l’enquête menée par les autorités espagnoles démentent cette version et confirment de façon évidente la thèse de l’assassinat politique. De plus, afin de faire taire les attaques continues que l’État algérien menaient contre l’intégrité de Mohamed Khider en rapport avec l’affaire dite du “Trésor du FLN’’, Mme Veuve Khider ira même jusqu’à rencontrer le président Boumediène pour lui remettre la comptabilité de ces fonds qui prouve leur affectation à des fins politiques. Elle propose leur restitution contre la promesse d’une déclaration officielle démentant clairement toutes les accusations faites par l’État contre feu son mari. Rien n’y fait, le gouvernement algérien persistera dans ses attaques contre la mémoire du leader algérien. Il faudra la mort de Houari Boumediène et l’accession à la présidence de Chadli Bendjedid pour qu’un accord se fasse avec la famille. Celle-ci, de son propre gré, restitue les fonds en 1979, ne laissant plus planer aucun doute sur l’intégrité du leader algérien. L’élimination physique du leader algérien réussie, celle, morale, aura échoué. En mai 1993, L’université et l’aéroport de Biskra portent son nom. Cette initiative, aussi louable soit elle, ne suffit pas à faire oublier le crime dont il a fait l’objet. 47 ans sont passés. Nous attendons toujours que la vérité soit proclamée par l’État algérien.
Qu’il repose en paix.

Parcours d’un combattant
Très jeune, il prend conscience de l’injustice que subissent ses compatriotes, du fait de la colonisation française, et s’implique avec conviction et force dans la lutte pour l’Indépendance.
Tout au long de son combat, il prend des responsabilités au sein des divers mouvements d’Indépendance qui se succèdent (PPA, MTLD, OS, Crua, FLN). Actif à l’intérieur du pays, il prépare l’insurrection armée, inéluctable aux yeux des révolutionnaires algériens au vu de la réalité brutale que vivaient ses compatriotes qui subissaient une politique ségrégationniste menée par la France et par les colons d’Algérie. Traqué, il sera emprisonné à plusieurs reprises.
Membre du MTLD, ce combat, il le mènera ouvertement en France au sein du Parlement qui lui permet ainsi de défendre publiquement ses idées révolutionnaires, profitant des lois et institutions qu’offrait la France “libre, fraternelle et juste’’. Dans le même temps, il milite secrètement au sein de l’Organisation secrète (OS), pour préparer le terrain de l’insurrection armée.
Plus tard, on le retrouve à l’extérieur du pays, lorsque traqué, il s’enfuit au Caire et s’intègre au bureau du Maghreb dont il deviendra le dirigeant. C’est à partir de ce bureau que des contacts se feront dans le monde entier pour sensibiliser et obtenir le soutien de la communauté internationale à la cause algérienne. Il s’adressera aux États arabes, africains et asiatiques, afin d’obtenir leur solidarité dans son combat pour l’indépendance de son pays. Ce combat n’est pas uniquement algérien, il est celui de tous les peuples colonisés.
Profondément maghrébin, il est convaincu également que la libération et l’avenir de l’Algérie passent par l’union des trois peuples d’Afrique du Nord. Il mène également les négociations avec la France et prend part à plusieurs rencontres secrètes avec des délégations françaises dans différents pays d’Europe.
Son honnêteté et son engagement le poussent à ne jamais abandonner le combat pour ses principes de liberté, de justice et de démocratie. À l’Indépendance, grâce à son talent de négociateur, il sera le rassembleur des forces en présence, qui s’opposaient dans leur lutte pour le pouvoir, et évitera à l’Algérie le bain de sang d’une guerre civile.
Ne songeant pas à profiter de sa position, il ne voudra jamais prendre ses distances pour un repos bien mérité. Il sera toujours là pour dénoncer ceux qui, par opportunisme, mèneront une politique contre les principes pour lesquels il avait combattu et, par conséquent, contre l’intérêt de l’Algérie. Il poursuivra donc sa lutte et s’opposera contre les régimes dictatoriaux du président Ahmed Ben Bella et, plus tard, du président Houari Boumediène. C’est pour cette raison qu’un soir de Ramadhan, en date du 3 janvier 1967, une main criminelle mettra fin à ses jours, sous les yeux de sa femme. Il rejoint ainsi l’autel des Martyrs, tous ces grands militants de la liberté qui, à travers le monde, ont donné leur vie pour les principes humanitaires de justice. Pour cela, il ne sera jamais oublié. Même mort, il reste présent dans notre cœur et dans notre esprit. Il est immortalisé par l’Histoire et constitue un exemple pour les générations d’aujourd’hui et de demain.
L’occasion nous est donnée aujourd’hui de raviver sa mémoire, mais également de condamner fermement cette pratique indigne et honteuse de gangstérisme politique consistant à éliminer par le sang toute personne qui s’y oppose. Mohamed Khider laisse en héritage un pays indépendant et l’espérance pour son pays d’un avenir plus rose que celui qu’il subit aujourd’hui. Un pays enfin démocratique, juste et généreux. Un jour viendra, malgré ceux-là mêmes qui l’ont éliminé, où notre pays accèdera à cette espérance.

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