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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:33

’émotion était vive et la colère difficilement contenue, hier, lors du rassemblement des Mozabites devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger.

En majorité des jeunes, remarquablement encadrés, les manifestants ont tenu à dénoncer les graves dérapages dont la région du M’zab fut le théâtre au cours de ces dernières heures, où de nouvelles victimes sont déplorées. Les slogans scandés par les jeunes Mozabites au cours de ce sit-in traduisent l’état de désarroi total dans lequel se trouve cette communauté qui n’a plus d’autre recours que de mettre les autorités devant leurs responsabilités.

Et de prendre à témoin l’opinion publique face au drame que vit la région du M’zab avec ce cycle continu de violences allant crescendo en dépit de toutes les initiatives prises pour apaiser les esprits.

Ce n’est pas la première fois, depuis la reprise des tensions dans la région, que cette communauté brise le mur du silence de cette crise oubliée (ou délibérément entretenue par des forces occultes), qui se déroule intra-muros et qui ne revient sur le devant de la scène que lorsque des vies humaines tombent.

En portant leurs doléances dans la capitale, devant la maison de la presse, avec un ton et une détermination nouvelle dictés par la tournure grave que le conflit prend et qui a vu pour la première fois l’utilisation d’armes à feu dans les heurts intercommunautaires, les protestataires ont voulu faire toucher du doigt le fait que la solution au conflit se trouve à Alger.

Face à l’incapacité du gouvernement, des élus locaux, des représentants des formations politiques et des forces de sécurité à rétablir la paix et la quiétude dans la région, les Mozabites, réduits à la comptabilité macabre et à enterrer leurs morts, n’en peuvent plus de continuer à attendre l’envoi, de manière épisodique, d’émissaires d’Alger, ou de bons offices civils et militaires de la région. Des émissaires qui n’ont ni le pouvoir ni les moyens pour peser sur des événements qui les dépassent.

Ce sentiment d’abandon est résumé dans ce slogan brandi hier par un jeune manifestant : «Où sont les engagements du gouvernement ?» Un plan en plusieurs points avait été adopté par le gouvernement, lequel couvre tous les aspects du conflit : de la gestion sécuritaire au volet économique et social en passant par la reconstruction de la ville et les réparations des dégâts moraux et matériels occasionnés de part et d’autre. La nouvelle flambée de violence vécue par les habitants du M’zab fournit la démonstration éclatante que les promesses du gouvernement ne se sont pas traduites dans les faits.

Ce qui se passe à Ghardaïa ne semble pas avoir, aux yeux des pouvoirs publics, une portée stratégique qui nécessite des mesures urgentes et exceptionnelles. Pour les autorités, Ghardaïa est un voyant rouge, rien de plus, comme tant d’autres – routes coupées, grèves…– qui clignotent sur le tableau de bord mouvementé du pays. La recrudescence de la violence dans la région signe clairement l’échec du plan gouvernemental de réconciliation et de reconstruction de la région.

En se déchargeant sur les autorités militaires – dont ce n’est pas la vocation – pour mener le dialogue avec les notables locaux, le gouvernement reconnaît son incapacité à apporter des solutions viables à la crise. Toutes les «guerres» à travers l’histoire, quelles que soient leur dimension et leur nature, ont une fin. D’où cette interrogation : a-t-on fait tout ce qui devait l’être pour ramener la paix dans les cœurs des habitants du M’zab ?

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