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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:31

La langue d’Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du RND et directeur de cabinet à la présidence de la République, a-t-elle fourché lors de son intervention, samedi, devant les cadres de son parti à Alger, où il avait tenu des propos sur la gouvernance du pays qui ont fait polémique ? Les journalistes, qui ont couvert l’événement, ont fait la même lecture de l’analyse du patron du RND sur la situation du pays, relevant l’attaque en règle contre le gouvernement de M. Sellal accusé de «populisme».

En comparant la situation difficile que vit le pays aujourd’hui avec la période de fin de règne de Chadli, où l’on persistait à mentir au peuple en niant la gravité de la crise qui couvait, M. Ouyahia pose un diagnostic tout en sériant les causes du mal. Lorsque le chef du RND appelle à dire la vérité au peuple algérien sur la situation du pays et les dangers qui le guettent, il s’adresse, selon toute logique, au gouvernement et aux décideurs et non pas à l’opposition, laquelle, pour sa part, ne se fait pas prier – c’est son rôle – pour critiquer l’action du gouvernement.

Aussi, le démenti apporté hier aux écrits de presse sur les propos de M. Ouyahia par le RND, via le site électronique Algérie patriotique, apparaît, de toute évidence, beaucoup plus motivé par les dommages collatéraux occasionnés en termes d’évaluation et de sanction de l’action gouvernementale que par un souci de clarté et de vérité.

Les propos attribués à M. Ouyahia ont été rapportés par plusieurs titres et sites de la presse nationale. Qui fait alors dans la désinformation ? La vérité est qu’Ahmed Ouyahia a voulu s’essayer au difficile exercice de la démocratie institutionnelle en osant une réflexion et un débat critique et responsable – avec ou sans calcul politique – sur la situation du pays dans un système politique monolithique qui n’autorise pas la moindre diatribe.

On a vu comment des ministres et de hauts fonctionnaires ont été débarqués de leur poste pour une déclaration faite parfois en privé ! M. Ouyahia a été manifestement rappelé à l’ordre pour avoir tenté de briser le consensus, l’unanimisme qui prévaut au sein du pouvoir et de ses soutiens sur l’appréciation de la gestion des affaires du pays. Sa marge de manœuvre apparaît d’autant étroite qu’il se devait de concilier son appartenance à la majorité présidentielle avec ses ambitions politiques qui lui imposent de faire, à sa manière, de «l’opposition» pour se poser en alternative.

Dans les systèmes démocratiques, ce genre de débat critique et contradictoire à l’intérieur des institutions et des forces qui composent ou soutiennent la majorité présidentielle ou parlementaire est quelque chose de tout à fait naturel. C’est une richesse au plan des idées et de la mobilisation des compétences et des sensibilités plurielles qui traversent une équipe gouvernementale ; le tout mis au service d’un objectif commun et d’un projet sociétal partagé.

Il n’est pas rare que des voix et des groupes de «frondeurs», ayant des convictions chevillées au corps et s’assumant publiquement en tant que tel, s’élèvent de l’intérieur de l’équipe au pouvoir pour contester un projet du gouvernement. C’est tout le contraire de l’allégeance politique qui fonde le système politique algérien.

Lequel n’offre d’autre choix à la classe politique que de se soumettre, de faire dans le larbinisme pour être dans les bonnes grâces du pouvoir ou de choisir le camp de l’opposition. Il n’y a pas de voie médiane.

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