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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 15:48

Géographiquement, le Sahara est le plus grand désert aride du monde.

De ce point de vue, admis et connus de tous, la nature désertique de cette vaste étendue de sable est incontestable. Mais, si l’on se réfère aux origines sémantiques du terme, il n’est pas aussi évident de continuer à considérer comme désert, un endroit qui est loin d’être totalement vierge de présence anthropique, d’une culture humaine aux lointaines origines dans le temps, d’un lien viscéral et symbiotique avec le monde des millions d’Algériens qui résident à 80 pour cent dans la zone Tellienne ou intermédiaire au Sahara.

C’est cette image d’Épinal, fortement ancrée dans l’imaginaire de tous ceux qui ne connaissent pas le désert, qui favorise malheureusement l’acceptation tacite de la majorité de la société algérienne du coup de force contre démocratique des autorités algériennes, en ce qui concerne l’utilisation massive et récurrente de la fracture hydraulique horizontale dans le Sahara. Méthode si décriée par tous ceux qui ont le souci de préserver les énormes ressources hydriques qui s’étendent notamment dans le sous-sol algérien du Sahara ; peut-être bien une des plus importantes au monde…

Un désert n’est pas forcement aride. Littéralement, c’est un espace qui a rompus les liens avec le monde des humains. Desertum, du latin, associe en effet la notion de défaire (des) et de lien (sertum). L’étymologie grecque de ce mot fait d’ailleurs écho à cette conception latine, et, « érémos », origine du mot ermite, signifie « terres qui ne sont pas habitées », sous-entendus par des grecs…

De ce point de vue, il serait injuste de considérer le Sahara comme un espace coupé du reste du pays, où n’habiteraient pas des Algériens à part entière. Le Sahara est le passé et l’avenir de l’Algérie, tout Algérien qui se respecte le sait. C’est le Sahara qui nourrit l’Algérie, autant avec l’argent de son pétrole que l’Agriculture qui s’y développe d’ailleurs de manière aussi intrigante et écocidaire que se profile l’exploitation du gaz de schiste en Algérie.

C’est dans ce même désert qu’on a retrouvé mainte fois les preuves du génie humain, de l’aube de l’Humanité jusqu’au crépuscule du monde Amazigh et Arabe. La culture Sahraoui est un des piliers fondateur de la nature algérienne au sens humain du terme. Bien loin d’être un espace sans lien avec chacun et chacune d’entre nous, le Sahara est notre père, tandis que la Méditerranée mère de l’Algérie.

Si, pour des raisons évidentes pour le siècle précédent, la géologie du Sahara n’a presque plus de secret pour nos gouvernants, savent-ils que la biodiversité, ainsi que les nappes phréatiques du Sahara jouent de nombreux rôles écologiques essentiels au maintien du climat et de la végétation de l’Algérie des côtes et des montagnes ?

A le voir déjà pollué par la pétrochimie, le tourisme, tondu de la steppe au pied, par les « barons du mouton » qui exploitent la misère des transhumants locaux pour se constituer d’énormes troupeaux à très peu de frais et surtout dans la plus totale discrétion. En attendant, l’Alfa, qui donne un goût si délicieux à la viande, à un rôle plus noble à jouer : garder le désert à sa place.

Car on ne lutte pas contre le désert ; on l’apprivoise. On lui cède sa part de territoire en échange de ses largesses qui ne se voient pas au premier coup d’œil ; on pourrait dire sans exagérer, que le Sahara est un bon musulman, puisqu’il prend peu et donne beaucoup, s’en jamais le montrer au grand jour. Certes, là ou les liens entre les hommes et les femmes des quatre coins d’un pays s’étiolent, là où la solidarité n’est plus une valeur citoyenne, le tissu social s’effrite, la couverture végétale d’un pays tend à se dégrader et ainsi, géographiquement, à céder la place à un désert.

Le désert n’est pas totalement un espace sauvage ; sachant que ce terme vient du latin Sylvius, qui fait référence aux forêts défrichées jadis pour l’agriculture. Est sauvage ce qui n’a aucun lien avec l’humanité, son développement, sa nourriture. En cela, si le Sahara est une zone naturelle encore assez bien préservée de la main invisible d’Adam Smith, elle n’en est pas moins un espace vital pour tout un pays dont le vrai développement se fera du Nord au Sud et non au-delà de la mer…

On dit souvent qu’il suffit de la volonté cordonnée de 20 pour cent d’une communauté, pour qu’elle influe sur le reste. Le Sahara, en tant que région politique et économique, si elle se désolidarisait du reste du pays, laisserait un grand vide autour d’elle, bien plus immense et douloureux que cette immensité gorgées de toutes les mannes qu’un désert seul peut dispenser à une nation capable d’en respecter les règles.

S’il devait rester quelques règles à laquelle il ne faudrait pas déroger dans un désert, c’est bien celle de la sobriété, de l’efficacité, et de la prévoyance. Aucune de ses trois exigences n’apparait dans l’aventure qui s’impose contre le Sahara et ses petits peuples dans le grand peuple Algérie…

C’est pour cela qu’il faut soutenir et applaudir tous les gens du Sahara, qui se sont élevés contre un tel outrage au désert et donc à l’avenir de l’Algérie, autant économique, géopolitique, écologique qu’énergétique. Creuser le Sahara comme une vulgaire meule de gruyère est intolérable. Risquer la pollution et la sur exploitation d’une ressource hydrique non renouvelable garante de la juste salinité des sols est inquiétant au plus haut degré. Dépenser plus d’énergie que pour en produire, investir dans un produit qui se vend au rabais et fait baisser le cours du pétrole et du gaz ; il est bien question ici d’aventurisme, presque de « corsairerie » à peine masquée…

Karim Tedjani,

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