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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 09:22

Avant tout, Si Ali, levons une première équivoque : il ne sera pas fait ici procès de vos dix années de silence.

Vous n’avez fait, après tout, que sacrifier à la religion de l’hermétisme algérien, rite indispensable qui a dû s’imposer au postulant que vous êtes comme il a dû s’imposer à tous ceux qui, de Chadli à Bouteflika, en passant par Zéroual, ont dû longtemps se taire pour espérer parler un jour en président. Le système algérien est ainsi fait, qui réserve les honneurs de la cour aux plus discrets et son mépris aux plus bavards. Il n’y avait pas de raison de vous encombrer de cette inutile image d'opposant-râleur dont on sait qu’elle ne destine à rien et qu’elle n'est tolérée que pour la mauvaise humeur nécessaire à la comédie du pouvoir.

Mais l’essentiel, n’est-ce pas, est que vous ayez enfin parlé après dix ans de mutisme. Votre propos subtilement anti-bouteflikien, tantôt serein tantôt finassier, articulé autour de quelques idées fortes – reconstruction de l’État, l’indépendance de la justice, le pacte national contre la corruption, combattre le népotisme et le régionalisme - fournit aux Algériens les raisons de vous préférer et aux coteries mafieuses celles de vous éliminer. C’est, disons-le, assez courageux et … totalement inutile !

Car, Si Ali, rien n’a changé depuis votre dernier discours de 2004 : l'Algérie, cumulant la triste condition de pays bananier avec celle d’un État dévalorisé, l'élection du président de la République ne se décide pas par la base mais par des groupes occultes, qualifiés ici de cabinet noir, là-bas de "décideurs" auxquels s’ajoutent les lobbys étrangers, notamment la puissante pègre pétrolière internationale qui a joué un rôle déterminant, en 2004, dans votre élimination et dans la consécration de Bouteflika, alors garant de la nouvelle loi sur les hydrocarbures.

J’en arrive à ma question : au nom de qui parlez-vous ? Je ne veux pas parler de la base. Vous devez en avoir, et je suppose qu’aux yeux d'un peuple réduit à ne plus rien espérer gagner mais seulement à ne plus perdre, vous devriez être, avec Ghozali, Benbitour, Khadra ou Hamrouche, un de ceux dont on peut dire qu'on ne perd rien à les élire. Je ne parle donc pas de la base, mais du sommet ! Oui, du sommet ! Des groupes influents. Vous ne serez pas élus par votre programme mais par des lobbys puissants.

Votre catalogue de bonnes intentions, exposé à l’hôtel Hilton, n'est compatible qu’avec une élection démocratique. Ce ne sera pas le cas chez nous. L’élection présidentielle se résumera à un référendum populaire qui va confirmer un choix fait préalablement en état-major (militaire ou autre). Êtes-vous le récipiendaire de 2014 ? Si oui, continuez votre campagne : vous serez le prochain président de la République. Sinon, de grâce, arrêtez la mascarade : vous serez le premier lièvre dans l’histoire à mourir deux fois de suite. Entre-temps, réfléchissez aux dégâts : des millions de personnes à jamais désillusionnés ; le monarque réhabilité …

J’espère, pour finir, Si Ali, vous qui venez de faire un pèlerinage à la Mecque, j’espère que vous savez qu'on revient toujours d’un pèlerinage moins dévot qu’on est parti.

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commentaires

K
Le système a tellement sévi que ses détracteurs les plus virulents vous l'imposeront. Il s'impose à tous (opposants comme militants, et même les autres) depuis 1962; son pouvoir de nuisance est tel, qu'il nourrit tous les fantasmes chez les uns comme chez les autres. Cette réalité semble indestructible. Sauf à ne pas donner de leçons et savoir se taire 10 années durant!
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